Le Musée national des arts asiatiques Guimet déploie, du 19 juin au 4 novembre 2019, une exposition consacrée au Bouddha. Orchestrée par Thierry Zéphir, fin connaisseur du bouddhisme, celle-ci rend accessible la vie de Shakyamuni, le bouddha historique. Coupe-File Art vous emmène au cœur d'un événement à ne pas manquer cet été.
Shakyamuni: l'histoire à travers les œuvres
Siddhartha Gautama, dit Shakyamuni (sage des Śākyas) ou Bouddha (l’Éveillé), est ce chef spirituel connu de tous qui vécut au ve siècle av. J.-C., fondateur historique du bouddhisme.
L’histoire du saint personnage prend place dans les états de l'Uttar Pradesh et du Bihar, au Nord de l’Inde. C’est dans ces régions, alors contrôlées par des royaumes désignés sous le nom de Mahajanapada, qu’il prêcha sa doctrine comme une voie de Salut. Si, comme le rappelle Thierry Zéphir, personne ne remet en cause son existence, peu de preuves concrètes existent. Légende et Histoire se mêlent.
Avant de devenir Bouddha dans son existence finale, Siddhartha a eu plusieurs vies antérieures, rapportées dans les Jatakas, textes tardifs prétendument écrits selon l’histoire racontée par lui-même. En être d’exception, il se serait en effet souvenu de ses vies antérieures.
La conception de Bouddha est céleste. La reine Maya, sa mère, fait un rêve dans lequel un éléphant blanc à six défenses pénètre son flanc. Le rêve est interprété de la façon suivante : l’enfant sera un éveillé (Bouddha) ou un monarque universel.
Pour accoucher de l’enfant après dix mois de gestation, comme pour tous les grands personnages, Maya revient dans la demeure familiale. Mais elle s’arrête en chemin au parc de Lumbini (dans l'actuel Népal). L’enfant sort alors de son flanc droit sans la blesser.
Il fait aussitôt sept pas dans les quatre directions cardinales et déclare « comme un lion exempt de crainte et de terreur » qu’il vaincra « la maladie et la mort ».
Sept jours plus tard, Maya meurt. L’enfant est baptisé Siddhartha. Des devins l'examinent: la prophétie du rêve de la reine est confirmée.
Après l'épisode du "Grand départ", sa fuite du palais, le prince Siddhartha va se mettre en quête de l’éveil. Il s'essaye aux enseignements de différents maîtres qui le déçoivent tous. Il décide donc de chercher la voie du salut lui-même, accompagné de cinq disciples. Il pratique même une ascèse excessive, épisode évoqué par l'oeuvre Reduction de l'artiste contemporain japonais Takahiro Kondo, brillamment introduite dans la scénographie. L'oeuvre, moulée sur le corps de l'artiste, adopte la position yogique du padsama. Réalisée en 2016, elle peut également s'appréhender comme mémento mori bouddhiste, dédié aux disparus de la tragédie de Fukushima en 2011.
C'est à Bodhgaya, sous un majestueux Ficus Religiosa, que Siddhartha atteint l'éveil après avoir résisté aux assauts du démon de la passion, Mara.
Devenant Bouddha, il décide de mettre son éveil à la disposition des Hommes, et c’est à Sarnath qu’il dicte son premier enseignement: le Sermon de Bénarès. Au moment de prêcher, il met en branle la roue de la loi, image même de la doctrine bouddhique et peut atteindre le nirvana.
Selon les sources, lorsqu'il entra dans le nirvana à Kushinagar, l'"extinction totale", son corps fut incinéré, ses cendres partagées entre les huit souverains des régions environnantes et conservées dans des stupas, monuments campaniformes reliquaires ou commémoratifs. L"exposition donne à voir le magnifique stupa de style sino-tibétain du musée chinois de l'Impératrice à Fontainebleau, datant du XVIIIe siècle.
Apparence physique
Shakyamuni possède, selon la tradition, nombre de signes distinctifs. Formulée au premier siècle de notre ère, voyant disparaître peu à peu l'aniconisme, l'apparence du bouddha s'articule autour de signes reconnaissables. Il est décrit comme doté de 32 lakshanas (signes) majeures et 80 mineures. Il arbore ainsi une protubérance crânienne, souvent assimilée dans la culture populaire à un simple chignon, symbole de sa haute capacité intellectuelle, des talons saillants ou encore quarante dents. Ces qualités physiques sont perçues comme remarquables, constitutives de tout grand être. Une partie de l'exposition est également consacrée à sa gestuelle très codifiée, aux "mudras" bouddhiques.
Scénographie
L'exposition s'appuie quasiment exclusivement sur les collections du Musée Guimet. Elle déploie un nombre important d’œuvres dans une scénographie soignée. L'éclairage, d'une très grande qualité, a particulièrement retenu notre attention. La pluralité des objets présentés est également intéressante: divers supports, écoles artistiques, époques et territoires se mêlent.
Le parcours, notamment dans la première galerie, s'articule autour de magnifiques thangkas (peintures caractéristiques de la culture bouddhiste tibétaine) scandant l'espace. Rarement exposés pour cause de fragilité, il est conseillé d'observer en premier lieu ces derniers, relatant chacun un épisode clé de la vie du Bouddha que les objets autour viennent appuyer. Votre déambulation n'en sera que plus logique.
De ses vies antérieures, sa naissance à Lumbini par le flanc droit de la reine Maya, la mise en branle de la roue de la loi à Sarnath, à son atteinte du Nirvana à Kushinagar, la vie du Bouddha s’incarne donc au sein de l’exposition, au travers des très riches collections du MNAAG. La question de la diffusion du bouddhisme occupe également une place de choix. La variété et la qualité des pièces présentées en font une exposition érudite, accusant un propos pédagogique, rendant accessible l'histoire du saint personnage.
Coupe-File vous conseille vivement ce parcours initiatique aux origines du bouddhisme.
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Bouddha, la légende dorée
Musée Nationale des arts asiatiques Guimet
Du 19 juin au 4 novembre 2019
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6 place d'Iéna, 75116 PARIS
Métro Iéna (9) et Boissière (6) Bus Iéna (63, 82, 32) ou Kléber-Boissière (30, 22) Vélib’: 4 Rue de Longchamp (n° 16007) ou 1 Rue Galilée (n° 16008).
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