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Hisao Takahashi, du Japon à la France, maître-fresquiste en Bourgogne


« En plus de la technique indispensable à ce genre de restauration, il faut avoir un grand respect pour l'œuvre originale. » Hisao Takahashi, 2013

Lorsque l’on évoque le nom d’Hisao Takahashi en terre bourguignonne, l’écho de ses nombreuses restaurations résonne immédiatement. En l'espace de quatre décennies, ce maître dans l’art de la peinture murale a redonné vie à de multiples fresques en danger, romanes mais aussi de la fin du Moyen Âge, disséminées aux quatre coins du territoire bourguignon. Aujourd’hui âgé de 83 ans, l’artiste d’origine japonaise est toujours actif.


Hisao Takahashi. Image extraite d'un court documentaire réalisé par le Centre Culturel International De La Tour Des Ursulines C.I.T.U


Originaire du département de Saitama au Japon, Hisao Takahashi est diplômé de l'école des Beaux-arts de Musashino et de l'Ecole nationale des Arts décoratifs de Paris. Dans les années 1970, il se consacre à l’étude des fresques et icônes Byzantines à l'invitation de la ville de Prilep en Macédoine avant d’obtenir, au début des années 1980, un diplôme de la section peintures murales du Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels de Rome.

Attaché à la Bourgogne et fasciné par l‘art roman, il fait, en 1997, l’acquisition de la Tour des Ursulines à Autun. Il y installe son atelier et crée un centre culturel franco-japonais baptisé Centre International de la Tour des Ursulines (CITU), participant au rayonnement international de la cité bourguignonne. N’oubliant pas pour autant ses origines japonaises, il met rapidement en place des stages accessibles à ses élèves japonais, mais aussi divers célébrations ou événements ponctuels trouvant leurs racines dans un mélange entre cultures japonaise et française.


La Tour des Ursulines constitue en elle-même un édifice remarquable. Erigée au XIIe siècle, cette imposante construction médiévale est le dernier vestige du château de Rivault, démantelé au début du XVIIe siècle. Ce donjon prend appui sur le rempart gallo-romain de l’ancienne Augustodunum, dont subsiste aujourd’hui une portion assez importante. Au XIXème siècle, les Visitandines prennent possession du lieu et y installent la statue de la Vierge que nous apercevons encore aujourd’hui au sommet de l’édifice. Hisao Takahashi a souhaité rendre hommage à la longue histoire de l’auguste construction médiévale en y réalisant à partir de 2010, avec ses élèves des Beaux-Arts de Nagoya au Japon mais aussi ceux de Dijon, une fresque de plus de 100 mètres carrés dédiée aux Ducs de Bourgogne (ci-dessous).


Tour des Ursulines, Autun / ©NB


Hisao Takahashi et ses élèves. Images extraites d'un court documentaire réalisé par le Centre Culturel International De La Tour Des Ursulines C.I.T.U


En 1982, il s'installe à son compte comme restaurateur de fresques. Pendant près de 20 ans, il consacre principalement son temps à la restauration du patrimoine français en collaboration avec les Monuments Historiques. Il intervient sur des peintures d'importance, notamment aux Hospices de Beaune, dans les cathédrales de Dijon et Autun, mais travaille également sur des réalisations moins connues et plus modestes, témoignant néanmoins du riche passé de la Bourgogne. Nous pensons notamment au Christ en gloire roman de la petite église de Curgy à quelques kilomètres d'Autun.

Christ en gloire, XIIe siècle. Eglise Saint-Ferréol de Curgy / ©NB


À Beaune, il restaure les peintures murales de la chapelle Saint-Léger de la collégiale Notre-Dame. Ces peintures ne sont pas inconnues des lecteurs assidus de Coupe-File Art. Réalisées vers 1470-1472 et redécouvertes en 1901 sous un badigeon, leur attribution est aujourd'hui encore incertaine, comme nous l'évoquions dans un article consacré à Pierre Spicre publié en ouverture de notre section Essais. Trois scènes sont identifiables : la Résurrection de Lazare, sainte Marthe et sainte Marie-Madeleine et la Lapidation de saint Étienne.


La Résurrection de Lazare, vers 1470-1471. Chapelle Saint-Léger, Notre-Dame de Beaune / ©NB


L'un des plus importants chantiers du maître reste la restauration des peintures murales de l'église de Moutiers-en-Puisaye. En 1982, près 200 mètres carrés de peintures sont découverts sous un badigeon dans la petite église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de la commune. Datant majoritairement des XIIe et XIIIe siècles, ces peintures constituent encore aujourd'hui l'un des ensembles les plus importants de Bourgogne. Hisao Takahashi travailla à leur sauvetage pendant près de dix ans.


Peintures murales de l'église de Moutiers-en-Puisaye


Nombre de peintures murales ont été restaurées par le maître japonais. Cet amoureux de la Bourgogne a œuvré sans relâche et continue de travailler pour sa terre d'accueil. Il a notamment réalisé une fresque originale pour la bibliothèque municipale d’Autun en 2019.

La prochaine fois que vous admirerez un ensemble peint dans l'une des nombreuses églises bourguignonnes, prenez le temps d'imaginer Maître Takahashi à l'œuvre. Il n'est peut-être encore là que grâce à lui.


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