Première partie : Le Château Ambulant
Quand on s’intéresse à l’histoire de l’art, il arrive de remarquer que certains médiums, comme le cinéma, la musique ou le jeu vidéo, puisent dans les arts classiques.
Dans cet épisode de [Référence], nous allons regarder comment est montrée ou suggérée l’architecture européenne dans l’un des films d’Hayao Miyazaki, le Château Ambulant (2004). La question de l’environnement est primordiale pour donner de la vraisemblance au récit. C’est aussi un moyen de signifier au spectateur un certain lieu sans le nommer. Nous allons relever les différentes formes de références plus ou moins cachées dans ce film.
Avant de s'intéresser à l’idée d’architecture européenne, il est nécessaire de faire un point sur la construction d’un environnement dans un film d’animation en 2 dimensions. Dans les films du Studio Ghibli, il faut développer en amont de l’animation le layout. Il s’agit de dessiner le fond et l’environnement du lieu où le personnage va évoluer.
L’architecture que nous allons étudier est principalement européenne. Un champ géographique qui peut sembler très large mais qui regroupe les influences et les choix des dessinateurs qui se sont arrêtés sur de nombreuses formes architecturales provenant de pays différents. Parfois avec des références que nous retrouvons dans des endroits plus précis avec des citations architecturales.
I. Architecture d’une ville moyenne, l’architecture de la ville de Sophie
Le film place l’introduction du récit dans une ville de taille moyenne où vit à l’origine l’héroïne Sophie. Dès les premiers plans, l’apparition d’une locomotive à vapeur nous permet de nous situer dans un cadre temporel entre le milieu du XIXe et le début du XXe siècle. Pour ce qui est de l’environnement spatial, les plans sur la montagne et sur la maison nous indiquent un environnement qui ressemble aux régions frontalières entre l’Allemagne, la France et la Suisse.
Comment ces informations arrivent-elles jusqu’à nous ? Nous ne nous en rendons probablement pas compte quand nous regardons la scène étant donné qu’il s’agit d’architecture européenne mais elles soulignent dès le début du film dans quel lieu et région se déroulent le récit.
Les maisons de la ville :
Ces maisons ont une architecture particulière qui montre l'ossature en bois de la construction sur l'extérieur des murs. Cette architecture est dite "à colombages". Elle est caractérisée par la façade dite en pan de bois. Observons ses caractéristiques avec comme exemple la maison de l’héroïne Sophie. La maison est positionnée sur un soubassement en pierre qui sert à isoler la maison et le bois de l’humidité.
Pour le bois nous pouvons voir l’utilisation des trois pièces importantes dans l’architecture de façade en pan de bois : les sablières qui sont les pièces de bois horizontales et qui ont un rôle architectonique puisqu’elles supportent les planchers, les poteaux qui sont les pièces de bois verticales qui viennent consolider l’élévation et enfin pour lier l’ensemble les pièces obliques de contreventement. Il n’existe pas qu’une seule forme de contreventements. En effet, ceux-ci sont différenciés par le motif formé par l’agencement des trois différentes pièces de bois. Sur la maison de Sophie, nous pouvons observer le motif à croix de Saint-André (plus simplement en forme de X) entourant les fenêtres à l'étage.
Il en existe de très nombreuses formes différentes mais peu sont reconnaissables dans le décor. Nous retrouvons surtout ces motifs en allèges des fenêtres comme par exemple le motif dit de chaise curule reprenant la forme du profil des chaises éponymes, ou encore ici les motifs de V ouverts.
L’observation du bâtiment de droite permet également d’introduire un motif architectonique visible sur plusieurs maisons dans la ville : les étages en encorbellements. Motif très répandu dans l’architecture en bois européenne, il s’agit d’un surplomb, d’une saillie horizontale dans le mur, soutenue par des consoles ou des corbeaux (dont le mot en ancien français "corbel" a donné "encorbellement").
Des tours visibles sur l’image ci-contre sont présentes dans l’architecture de cette ville. Il s’agit pourtant d’un motif architectural réservé, par sa complexité, aux classes les plus aisées. Plusieurs exemples existent dans la réalité, dans des villes de l'Est de la France comme Colmar. Nous pouvons par ailleurs faire un comparatif entre cette ville et la place centrale de la ville de Sophie.
Tout au long de cette première partie nous pouvons observer les modes de transports qui se développent à la fin du XIXe siècle. Dans la ville de Sophie, ceux qui reviennent le plus sont le train, le tramway et la voiture. Évoquer ces éléments nous permet de parler de la gare que l’on aperçoit lorsque Sophie se rend dans le centre de la ville.
Elle est composée d’un bâtiment ouvert sur un côté avec le bas des murs en pierre, prolongés par des verrières mêlant verre et métal. La gare au XIXe siècle marque les esprits, elle est un nouveau lieu symbole du progrès technologique. Cette architecture est très marquée artistiquement. Elle est le thème d’une série de tableaux de Monet (la gare St Lazare, 1877) Son utilisation renforce à la fois l’inscription dans une temporalité et l’influence de l’Europe dans l’architecture de l’univers de Miyazaki.
II. Architecture d’une capitale, Kingsbury :
Plusieurs images et grands-angles nous permettent de mieux nous situer dans la capitale. De comprendre son architecture et les différents motifs qui s’y trouvent.
En commençant par cette place, nous voyons se détacher à l’arrière-plan des flèches et des pinacles, des éléments que nous avions déjà entraperçus dans la ville de Sophie. Développés à l’origine durant le Moyen Âge lors de la période architecturale gothique, Ils ont eu un regain d’intérêt en Europe sous différentes formes dans le courant du XIXe siècle ce qu'on a appelé le mouvement néo-gothique. Un exemple important est le travail de l’architecte Viollet-le-Duc, célèbre pour avoir érigé la flèche néo-gothique de Notre-Dame de Paris (aujourd'hui disparue). Malgré ce grand représentant français, c’est un style très célèbre en Allemagne et Angleterre avec une certaine forme de surcharge décorative architecturale extérieure comme au Palais de Westminster par exemple.
Ces éléments néogothiques cohabitent avec d’autres influences. La statue équestre au centre de la place est l’une d’entre elles. La statue équestre est un motif ancien avec des premiers exemples avant notre ère en Grèce notamment. Cependant les modèles qui ont le plus influencé les artistes de notre ère jusqu’au XIXe siècle sont les statues romaines. Nous pouvons citer la statue équestre de l’empereur Marc-Aurèle dont une copie siège toujours sur la Place du Capitole à Rome (l’originale se trouvant dans le Musée du Capitole). Dans le film, le modèle de la statue équestre n’est pas celle de Marc-Aurèle mais une réalisation bien plus récente. Elle est en effet très proche d’une œuvre de l’artiste italien néoclassique Adamo Tadolini représentant le héros national bolivien Simon Bolivar. Il existe de très nombreuses copies de cette sculpture visibles à Lima, au Québec, à Caracas ou encore à San Francisco.
Enfin, en regardant la place nous pouvons observer deux dômes. Celui à l’arrière-plan entre la femme et la statue, pourrait correspondre à un dôme de pavillon comme nous le verrons dans la troisième partie pour le palais. En revanche le second est plus intéressant car il s’agit d’un dôme érigé sur tambour. Le tambour est un élément architectonique reprenant souvent la forme de la base du dôme et qui sert à le surélever, il est parfois percé de fenêtres permettant d'illuminer la voute. Il est, sur deux aspects, proche du dôme des Invalides. Il est, comme le monument parisien, percé de fenêtres même si contrairement aux Invalides elles ne sont pas comprises dans un relief décoratif. Son tambour est lui aussi rythmé par une alternance entre fenêtres et piliers.
Dans cette autre vue nous pouvons regarder l’utilisation du dôme à l’impérial sur le bâtiment au toit vert à droite. Ce motif se construit, contrairement à la plupart des autres formes de dôme, sur une base carrée. Il s’agit d’une simplification apparue au fur et à mesure du temps du modèle du dôme à plans multiples, comme par exemple celui du Duomo de Florence par Brunelleschi. L’un des exemples de dôme à l’impérial important de grande taille est la Mole Antonelliana de Turin. Ce motif est aussi visible dans le modèle du clocher comtois.
Dans cette vue toujours, un château fort de grande taille est visible à l'arrière-plan. Il reprend les bases de l’architecture de défense du Moyen Âge : tours d’angle, donjon, chemin de ronde ou encore mâchicoulis. Il est positionné en hauteur, reprenant donc les formules de châteaux forts d’Europe occidentale. Il peut en cela être rapproché de nombreux exemples comme Sedan ou encore Carcassonne. Dans un autre registre on peut aussi le comparer au Louvre des Très Riches Heures du duc de Berry.
Il est aussi intéressant de dire quelques mots de l’urbanisme. Nous pouvons comparer le modèle des ruelles, des rues étroites et des places de la ville de Sophie avec les grandes avenues et les tracés de Kingsbury. Avec cette vue depuis le ciel, l’espace urbain devient visible, il se développe autour de grands axes. Cette volonté de simplifier les axes est une caractéristique de l’architecture européenne de la seconde moitié du XIXe siècle. Le modèle le plus célèbre étant le plan urbanistique développé à Paris par Napoléon III et le Baron Haussmann.
Enfin, pour Kingsbury, il faut évoquer la grande allée devant le Palais dans laquelle passent Sophie et la sorcière des Landes. Nous y voyons développer un motif déjà aperçu dans l’une des maisons de la place centrale de la ville d’origine de Sophie : les maisons à pignons à gradins et à pignons à volutes. Cette architecture rappelle celles du Nord de la France, des Flandres et de la partie occidentale de l’Allemagne. Le motif des pignons, qu’ils soient à volutes ou à gradins, se retrouve aussi bien dans des habitations privées, que des palais ou des lieux de culte. Ici, nous pouvons comparer la construction de cette allée, pour la régularité des maisons dans leur forme et leur taille (plutôt que pour leurs couleurs), à la Grand’Place d’Arras.
III. Architecture palatiale, le Palais de Kingsbury :
Pour le Palais, nous allons évoquer plusieurs éléments.
Après un portail très décoré et doré pouvant rappeler ceux de Versailles ou de la place Stanislas de Nancy, Sophie doit monter un escalier. Cet escalier permet de mettre en place une grande perspective. Malgré un aspect plus classique, elle reprend la perspective mise en place au Palais de Sanssouci à Postdam. Cet aspect n’est pas utilisé pour rien, il permet d’introduire dans l’histoire la fin des pouvoirs de la Sorcière des Landes.
Devant l’escalier monumental, nous pouvons observer des statues de lions posant leur patte sur un globe. C’est une iconographie récurrente en Europe, avec comme exemple les Lions Médicis. Cette iconographie représente la puissance. Le lion étant très souvent associé à la royauté ou au pouvoir en général. Il pose sa patte sur un globe qui représente le monde sur lequel le lion exerce son pouvoir. La seule différence est l’axe de la gueule de l’animal.
Le motif précis du Lion Médicis est visible partout en Europe, au Palais de Peterhof à Saint-Pétersbourg, dans le Parc de Saint-Cloud à Paris, à Stockholm ou encore devant le parlement espagnol. Depuis la Renaissance c’est un thème commun de la sculpture décorative européenne.
La façade est l’aspect le mieux visible de l’architecture du château. Avec ce que nous en voyons, nous pouvons imaginer une partie de son plan. La partie visible est composée du corps principal du palais. Il est marqué en son centre par un pavillon central et terminé par deux pavillons plus petits. Cette idée de grands axes de perspective perpendiculaires à la façade est une idée assez commune de l’architecture européenne à partir de la Renaissance. Cette idée est même au centre de pratiquement tous les complexes palatiaux construits depuis le XVIIe siècle.
La façade n’est pas plate, les trois pavillons ronds font saillie. Le soubassement de l’architecture est dominé par une série de terrasses et d’escaliers. Ils sont rythmés par des statues placées en hauteur, cette idée de statues de grands hommes ou de grandes femmes en façade, est la même qu'au Louvre ou encore à Saint-Pierre de Rome.
Dans la façade en elle-même, l’un des premiers éléments visuels importants est la couleur. Le palais est très coloré, une tendance visible dans l’architecture du XVIIIe siècle. La façade est dominée par deux couleurs : le rose et le vert. Nous pouvons y voir un rappel au Palais d'hiver de St-Pétersbourg ou encore au Palais de Potsdam respectivement vert et rose. Le toit mansardé assombrit quelque peu l’ensemble avec une couleur proche de l’ardoise. Elle est relevée par le doré des dômes et des décors.
Le fait que l'on voit aussi bien le toit est assez étonnant si nous comparons les sources d’inspirations et la vision du Palais de Kingsbury. En effet, traditionnellement, et depuis la fin de la Renaissance italienne, les grands palais ont tendance à cacher leur toit(,) soit en une fausse terrasse (facilement visible sur la façade de Versailles côté jardin) ou en les faisant les plus bas possible. La référence ici est peut être plutôt celle, plus ancienne, d'une architecture aux trois couleurs développée en France au début du XVIIe siècle sous les règnes de Henri IV et Louis XIII et qui a, entre autres, pour principe de mettre en avant l’ardoise du toit parmi les trois couleurs. Un exemple caractéristique de cette architecture est la place des Vosges à Paris.
Les pavillons ont chacun une grande entrée. Le pavillon central est mis en avant par sa taille mais aussi par le fait que l’entablement est double.
La façade est composée de deux niveaux et d’un troisième niveau dans le toit mansardé. Elle est rythmée par une série de grandes fenêtres qui présentent une symétrie parfaite. Nous retrouvons des exemples proches en Europe comme Versailles mais à la différence qu’ici ce ne sont pas les fenêtres qui sont dorées mais leur matrice, leur contour. Cette symétrie n’est pas seulement réalisée grâce aux fenêtres, elle l’est aussi grâce aux piliers roses en saillie qui viennent faire le lien, prolonger, les façades des trois pavillons. Ils unissent la façade et son style. Les étages sont séparés par le même motif que celui de la balustrade sous l’entablement du premier niveau du pavillon central. Il se poursuit et démarque également la transition entre le deuxième niveau et le toit. L’or est extrêmement présent.
Chaque pavillon a une entrée antiquisante en saillie. Le pavillon central ci-dessus nous permet d’observer un plafond à caisson. Nous voyons également de près les grandes colonnes cannelées avec base surélevée par des plinthes. Nous y retrouvons les trois mêmes couleurs que sur les murs du palais, les colonnes sont roses et la base montre une alternance de relief doré sur un fond vert qui rappelle le décor de la façade.
Le palais de Kingsbury dans sa forme est souvent comparé au Hofburg à Vienne.
Enfin, dans ce château, même si l’intérieur est peu montré dans le film, la scène principale de cet extrait se tient dans une serre. Étant donné que le film se situe dans une temporalité proche de celle du XIXe siècle dans la réalité, avec notamment la mise en avant de progrès techniques, c’est un motif qui n’est pas surprenant. Les serres de grande taille font leur apparition dans le courant du XIXe siècle. Leur construction est rendue possible grâce à l’industrialisation. Le verre est désormais d’assez bonne qualité pour en trouver de grandes dimensions et le développement de l'utilisation du métal, son coût réduit, ainsi que sa standardisation permettent de créer des structures beaucoup plus grandes.
Un des principaux acteurs du développement de ces architectures est l’Anglais Joseph Paxton. C’est un grand paysagiste, jardinier et architecte du XIXe siècle. Sa première grande réalisation en verre se trouve à Chatsworth House qu’il construit pour William Cavendish mais son œuvre la plus importante est le Crystal Palace. Il s’agit d’un palais fait de verre construit dans sa première version pour être le centre de la première Exposition Universelle à Londres en 1851. Les avantages que nous avons souligné sont ce qui lui a permis d’être choisi. Il fallait une construction rapide et pouvant être démontée tout aussi vite. À la fin de l’exposition, il sera d’ailleurs reconstruit à Sydenham qui deviendra le quartier désormais éponyme. Le palais est détruit par un incendie en 1936 et ne sera pas reconstruit. Cette grande première lors de l’exposition universelle va donner des idées aux gouvernements de nombreux pays.
Le verre devient alors incontournable dans l’architecture de la fin de ce siècle. On le retrouve par exemple à Paris dans la grande verrière du Grand Palais. L’influence la plus évidente reste quand même celle du Crystal Place du Parc du Retiro à Madrid qui a repris plusieurs éléments de composition de celui de Paxton.
Après avoir introduit cette idée, il nous faut nous recentrer sur ce que l’on voit de la serre dans le film et des constructions auxquelles elle peut faire référence. Dans cette idée, deux constructions semblent indissociables en termes d'architecture et de contexte, deux serres se trouvant dans des cadres palatiaux européens : la Palmenhaus(palmeraie) du château de Schönbrunn à Vienne et les Serres du Château de Laeken dans la banlieue de Bruxelles.
La Palmenhaus est construite par l’architecte Franz Xaver Segenschmid en 1882 pour Schönbrunn. Il s’agit du principal travail pour lequel il est célèbre. L’architecture s'organise en longueur avec un pavillon central et deux pavillons latéraux plus petits rejoints par des galeries, une composition comme nous l’avons vu dans celle du palais. Même si elle a pu inspirer les compositions et les vues intérieures, il est peu probable qu’elle soit le modèle de celle du film étant donné qu’on ne retrouve dans cette serre aucun mur droit, les bords de la serre étant tous arrondis.
La serre du château de Laeken est construite en 1873 par Balat, célèbre entre autres pour être le mentor de Victor Horta. Elle est dans sa composition plus proche de celle du palais de Kingsbury. Les parois extérieures sont droites et les vues intérieures proches même si bien moins grandiloquentes que celles de Kingsbury.
Enfin, malgré le peu de lien architectural avec la France, il semble bien que Kingsbury soit un Paris imaginaire. On peut le deviner avec un clin d’œil laissé par les dessinateurs à l’adresse des spectateurs francophones :
Le récit prend place dans un monde imaginaire mais nous avons vu comme il est inspiré de la réalité. De subtiles références, aux citations directes, l’architecture est mise en avant sous de nombreuses formes dans le Château ambulant. Miyazaki a incorporé, avec ces équipes, de nombreuses idées de l’architecture européenne datant du Moyen Âge pour les plus anciennes, à la toute fin du XIXe pour les plus récentes.
Il a parfaitement su recréer, avec tous ses détails, l’ambiance architecturale de villes européennes de la deuxième moitié du XIXe siècle.
Ce n’est pas la seule fois de sa carrière où Miyazaki et les studios Ghibli ont réalisé ce genre de décors. Nous aurons l’occasion de faire d'autres épisodes qui porteront entre autres sur Kiki la petite sorcière ou encore Porco Rosso.
Arno Le Monnyer
(Remerciements à L. Argento et F. Brière).
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