24 nov. 20182 Min

Endymion, Effet de lune, dit aussi le sommeil d'Endymion

Mis à jour : 16 sept. 2022

Par Alexis Consigny

Endymion, le plus beau des mortels, dort à l'abri des feuillages. Dans la mythologie grecque, il est décrit la plupart du temps comme un berger qui inspira un violent amour à Séléné, la déesse de la pleine lune souvent associée à Artémis. Celle-ci, afin de préserver la beauté du jeune homme, demanda à Zeus de le plonger dans un sommeil éternel. Toutefois, Girodet s'est inspiré pour ce tableau d'une fable latine, le Dialogue des dieux, écrite par Lucien, qui relate entre autres un dialogue entre Diane et Vénus : " Pour moi, Vénus, je le trouve charmant, surtout lorsque, s'étant fait un lit de sa tunique étendue sur une pierre, il repose, tenant de la main gauche des traits près de lui échapper, tandis que la droite, recourbée sur sa tête, encadre avec grâce son joli visage. Quand il est ainsi plongé dans le sommeil, sa bouche exhale une haleine d'ambroisie". Le rayon de lune qui traverse la végétation pour venir se déposer sur Endymion montre la présence de la déesse chasseresse dans le tableau, et l'enfant ailé qui écarte les branches d'un laurier pour faciliter son passage est Zéphyr, personnification du vent d'Ouest.

Le sommeil d'Endymion, Anne-Louis Girodet, 1791, Musée du Louvre

Terminée en septembre 1791, le sommeil d'Endymion est une peinture à l'huile visible dans la section peinture française du musée du Louvre. Elle fut réalisée à Rome par Anne-Louis Girodet de Roussy Trioson (né en 1767 et mort en 1824), élève de David. Au travers de ce tableau, l'artiste se démarque du style néo-classique de son maître, et amorce ce qui deviendrait le style romantique.

Girodet a réalisé cette peinture à 24 ans, alors qu'il était pensionnaire à l'Académie de France. Contestataire, se refusant de respecter à la lettre l'enseignement de son maître, Girodet avait l'ambition de réaliser "quelque chose de neuf". En effet, si le nu idéal reste d'inspiration antique, l'idéal héroïque cher à David s'évapore, et il se dégage de ce tableau une étrangeté recherchée qui se démarque du néo-classicisme. La lumière bleutée qui enveloppe Endymion tranche avec l'obscurité de la scène, l'école de David et donne à son corps un effet vaporeux. Cette étrangeté poétique suggère l'influence du mouvement romantique naissant.

Atala au tombeau, Anne-Louis Girodet, 1808, Musée du Louvre

Cette œuvre fut le premier succès du peintre, à Rome d'abord, puis au salon de 1793, et fit par la suite sensation auprès d'auteurs tels que Balzac, Baudelaire et Chateaubriand, dont il adapte le roman Atala en peinture en 1808, créant Atala au tombeau et se plaçant en peintre littéraire.