À Metz : Dr. Starck et Mr. Heler
- Nicolas Bousser
- 20 juin
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 5 jours
Par Nicolas Bousser
C’est une plongée dans l’imaginaire de Philippe Starck. En sortant de la gare de Metz, l’on ne s’attend pas à découvrir un tel bâtiment : une maison d’inspiration lorraine posée sur un immeuble rectangulaire de 8 étages. Cela tient presque de l’utopie. Le projet a près de dix ans et s’insère dans le vaste projet de création d’un quartier nouveau, le quartier de l’amphithéâtre, autour du Centre Pompidou-Metz. Anciennement friche ferroviaire, l’espace s’est depuis paré d’immeubles dernier cri et d’un vaste centre commercial : le Muse. Et, depuis quelques semaines, la maison Heler ferme la marche. Inscrit dans la Curio Collection du groupe Hilton, cet hôtel d’un nouveau genre affiche très régulièrement complet.
Starck a laissé libre court à sa créativité pour créer une sorte d’œuvre totale : cette maison perchée sur le toit de l’immeuble a un propriétaire… imaginaire. Le designer a tout couché sur le papier, au point même de publier une nouvelle loufoque aux éditions Allary (vous pouvez vous la procurer au desk de l’hôtel). Bienvenue donc chez Manfred Heler, un homme au tempérament songeur et à l’esprit minutieux, occupé à inventer et à plaire à sa dulcinée fantasmée, Rose. Sa maison à l’architecture rappelant les grandes villas messines de la fin du XIXe siècle, s’est un jour surélevée, poussée vers le ciel par un curieux bâtiment monolithique. Cette maison, le visiteur peut y accéder en montant au 9e étage. Elle accueille un restaurant. D’imposants vitraux, conçus par la fille du créateur, Ara Starck, baignent l’ensemble d’une douce lumière.
La terrasse, éclairée le soir par des lanternes murales, offre une belle vue à 360° sur Metz. Au rez-de chaussée, la cuisine de Rose, élégante brasserie, accueille également les hôtes de passage. Tout au long du séjour, ceux-ci sont confrontés à de curieux symboles et portraits… jusque dans leur chambre. Starck a en effet créé un alphabet de symboles protéiformes qui serpentent les murs, les sols et même les meubles de l’hôtel. Entre béton brut, marbre et mobilier en bois massif aux formes d’un autre temps, la conception des chambres poursuit le conte développé par Starck dans les espaces communs. Mais au-delà de ça, les matériaux sont nobles, l’agencement intelligent et la vue imprenable si vous êtes au 8e étage. De quoi satisfaire donc également des clients peu enclins à se laisser porter par le récit de Manfred Heler et préférant se focaliser sur les prestations offertes pour l’hôtel aux quatre précieuses étoiles du groupe Hilton.
Une question pour finir. Qu’aurait-il fallu pour que l’immersion soit encore plus totale ? Créer une signature sonore à diffuser sur les nombreuses enceintes de l’hôtel et peut-être également une signature olfactive, comme cela s’est notamment fait dernièrement dans le monde des musées avec le musée de la Marine à Paris. Quoiqu’il en soit, avis aux amateurs adeptes de récits, de rêves, d’expérience… poussez la porte de la maison Heler et laissez-vous porter.
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