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Entre architecture et quotidien : l’Italie vue par Henri Cartier-Bresson

  • Photo du rédacteur: Solene FEIX
    Solene FEIX
  • 26 mars
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 4 jours

Par Solène Feix


Après Cartier-Bresson revoir Paris au musée Carnavalet en 2021, suivons le parcours du photographe en Italie. C’est la ville de Turin qui accueille l’exposition Henri Cartier-Bresson et l’Italie, qui nous emmène vers un pays que Cartier-Bresson a immortalisé entre 1930 et 1970. On peut découvrir 160 photographies et divers documents retraçant les multiples parcours qu’a sillonnés l’artiste à travers l’Italie. L’exposition se tient au centre de photographie Camera, inauguré en 2015, qui met en lumière le patrimoine photographique, tant public que privé, en l’étudiant et en le cataloguant. À l’échelle nationale, le musée s’implique auprès de l’ICOM - le Conseil international des musées - et de l’International Council of Museums en Italie.


Pour cette exposition, le travail de Cartier-Bresson en Italie est mis en avant. Il y séjourne pour la première fois en 1932. Dans son approche de la photographie italienne, on note sa capacité à saisir le quotidien des habitants vivant dans un paysage façonné par la nature ou, plus fréquemment, par l’urbanisme. Ainsi, ses clichés illustrent également l’architecture et les transformations urbaines du pays, offrant parfois une perception différente de la réalité actuelle, comme le montre son travail à Matera.

Henri Cartier-Bresson, Matera, 1951. (c) Fondation Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos
Henri Cartier-Bresson, Matera, 1951. (c) Fondation Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos

Afin de diffuser son travail de l'autre côté des Alpes, sa première exposition a lieu à Florence en 1952. Il y revient en 1956 avec une grande rétrospective en France, à Paris, qui fera ensuite étape à Milan et à Bologne. Ces villes du nord de l’Italie constituent les principaux lieux d’exposition, mais Cartier-Bresson ne s’y limite pas pour ses prises de vue. Il se rend également à Rome, où il photographie aussi bien le centre que la périphérie, rendant ainsi compte la diversité de la capitale.


Henri Cartier-Bresson, Roma, 1959. (c) Fondation Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos
Henri Cartier-Bresson, Roma, 1959. (c) Fondation Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos

Photographier la ville et son architecture, comme l’a fait Cartier-Bresson, est également une démarche adoptée plus récemment par Riccardo Moncalvo (1915-2008), photographe Turinois ayant capturé les éléments marquants de ce tissu urbain qu’il connaissait bien, notamment la Mole Antonelliana, emblème de la capitale piémontaise. Une ville marquée par son industrie, en particulier pendant le XXe siècle, que l'artiste nous transmet à travers son travail. Son père était d’ailleurs propriétaire de l’atelier de « photographie artistique et industrielle ».

Riccardo Moncalvo, Miracle du Tricentenaire, Mont des Capucins, 1938, Archives Riccardo Moncalvo.
Riccardo Moncalvo, Miracle du Tricentenaire, Mont des Capucins, 1938, Archives Riccardo Moncalvo.

Continuons à sillonner l’Italie comme l’a fait Cartier-Bresson, car son exploration du pays ne s’arrête pas à Rome : il se rend dans le sud, notamment en Sardaigne, où il travaille pour Vogue.


Chaque photographe, par son regard unique, capture l’essence des lieux et des personnes, permettant ainsi de diffuser une vision du pays où la beauté, la laideur, le mystère et l’imprévisibilité coexistent harmonieusement — comme les deux âmes de l'artiste. Cartier-Bresson illustre aussi la photographie comme témoignage du changement, comme en Basilicate en 1973, vingt ans après s’y être rendu pour la première fois. Une certaine récurrence se dégage de ses choix de lieux à photographier : en Italie, il capture les espaces de vie, les rues, les places, témoignant du quotidien en mouvement. La photographie, au-delà de son statut d’œuvre d’art, porte en elle des traces du temps, témoignant à la fois de l’architecture et du quotidien des populations. 

Henri Cartier-Bresson, Sienne, 1953. (c) Fondation Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos
Henri Cartier-Bresson, Sienne, 1953. (c) Fondation Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos

Cette tendance à capturer l’inattendu, qu’il soit en milieu urbain ou rural, trouve son origine dans sa fréquentation des surréalistes. Dans ce cercle d’artistes aux horizons divers, il s’imprègne du concept du hasard, de l’imprévu, de l’instant qui surgit dans la réalité. Cet apprentissage fondé sur l’expérience de l’inattendu, visant à capturer le réel, va à contre-courant de ce qu’il avait initialement appris dans l’atelier d’André Lhote, où il avait développé une approche rigoureuse de la composition.


Peut-être a-t-il conservé quelques traces de cet enseignement, qu’il associe aux éléments aléatoires, ceux qui échappent à toute planification. En effet, dans ses prises de vue, Cartier-Bresson conjugue cette rigueur géométrique avec l’irruption du hasard, créant une tension subtile entre l’ordre et le chaos dans ses images. Cela est rendu possible par les avancées techniques de la photographie : il utilise un appareil maniable, un Leica, qui lui permet une spontanéité inégalée.


 

Henri Cartier-Bresson et l'Italie.

Camera, Turin

Jusqu'au 2 juin 2025.


Tarif : 13€



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