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Entretien avec le sculpteur Thierry Courtadon, un maître de la pierre


© 2018 PASCAL RENAUD - ATELIER COURTADON
« Ce n’est pas l’oiseau que je sculpte, mais le vol » disait Brancusi. C’est la nature, son abondance et sa vie, que sculpte Thierry Courtadon. Perpétuant depuis près de trente ans l’héritage d’une passion familiale, ce sculpteur auvergnat parvient à donner une légèreté et une souplesse surprenante à la pierre de Volvic. Sous ses ciseaux, elle devient tendresse et poésie. Alliant technicité et sensibilité, son œuvre fait naître un univers créatif singulier.

M.G : Pouvez-vous me parler de votre parcours jusqu’à aujourd’hui ? Comment avez-vous commencé la sculpture ?


T.C : C’est une entreprise familiale, de père en fils. On doit être à la sixième génération ! J’ai d'abord traîné dans les guêtres de mon père, puis j’ai fait une école de beaux-arts à Lyon. Cela fait maintenant 25 ans que je travaille à l’atelier.



M.G : Vous êtes décrit comme un « enfant de la pierre », de la pierre de Volvic donc. Vous travaillez une roche volcanique, la trachy-andésite, c’est cela ?


T.C : Oui, c’est une pierre qui est un très bon matériau de construction. Elle a servi notamment à la cathédrale de Clermont-Ferrand au XIIIe siècle et à d’autres constructions de la région. C’est une pierre très homogène, ce qui me permet de faire de la « dentelle » dans la pierre, d’aller vers des prouesses techniques.


© 2018 PASCAL RENAUD - ATELIER COURTADON
Très utilisé dans le bâti, la pierre de Volvic constitue le matériau privilégié de nombreuses constructions de la région clermontoise. On la reconnaît facilement à sa couleur gris foncé.
La Chaîne des Puys – faille de Limagne a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2018 : une fierté pour Thierry Courtadon qui a été ambassadeur de cette action.

M.G : Vous travaillez uniquement la pierre ?


T.C : Uniquement la pierre, oui. J’utilise parfois du verre ou du métal pour mes soutènements ou pour la transparence, mais je ne travaille qu’avec la pierre de Volvic.


© 2018 PASCAL RENAUD - ATELIER COURTADON
La pierre de Volvic est une roche volcanique. Son caractère particulièrement homogène permet à Thierry Courtadon de maîtriser parfaitement la matière et de lui donner tout un mouvement.


M.G : Comment travaillez-vous ? Dans un atelier, en extérieur ? Quels sont vos outils ?


T.C : Les deux ! Nous avons des ateliers intérieurs, des ateliers extérieurs. Cela dépend des tâches.

J’utilise des ciseaux, des disqueuses, des meuleuses… Tout l’attirail du parfait tailleur de pierre ! (rires)



M.G : Qu’est-ce que le « Kube » que l’on retrouve à la commande sur votre site ?


T.C : Le concept au départ est un cube vierge que les clients vont pouvoir agrémenter selon leur choix. Nous en proposons de trois dimensions différentes : 10x10 ; 12x12 ; 15x15 cm. Il est entièrement personnalisable. C’est le client qui donne l’idée de ce qu’il souhaite inscrire sur le cube, des mots, des phrases, des motifs, et nous le réalisons à l’Atelier.


Exemple de "Kube" créé par Thierry Courtadon

M.G : J’ai cru comprendre que vous n’étiez pas un grand amateur d’exposition. Vous avez tout de même exposé dans le département du Puy-de-Dôme, autour de Clermont-Ferrand, mais pas que ! Vous avez réalisé l’exposition « Une pierre dans mon jardin » en 2015 dans le jardin du Palais-Royal à Paris. Pouvez-vous m’en parler ?


T.C : C’était une très belle exposition dans le jardin du Palais-Royal qui a duré trois mois, avec environ 120 tonnes de pierre exposées à travers une trentaine de sculptures monumentales.

On a tout géré ! La scénographie, la mise en place... On leur a livré une exposition « clés en main » ! (rires)


M.G : Quelles sont les réactions des gens face à ces immenses sculptures qui investissent l’espace public ?


T.C : Il y a eu énormément de retours, surtout médiatiques. C’est un endroit très fréquenté. Cette exposition a été un bel éclairage pour nous.


Exposition « Une pierre dans mon jardin », Paris, Jardin du Palais-Royal, 2015

M.G : J’ai remarqué dans plusieurs de vos créations des lettres sculptées qui semblent former des mots quelque fois. De quoi s'agit-il ?


T.C : Oui, c’est une commande que j’ai eue dans ma région de sept sculptures dans la nature : des toiles d’araignées, des moucharabiehs, des puzzles. J’ai imaginé des sculptures par rapport au site que l’on m’avait proposé.


Thierry Courtadon, "Conjuguer la nature", Puy-de-Dôme

M.G : Au-delà des expositions, où se destinent vos créations ? Vous faites aussi de la décoration, des monuments funéraires même…


T.C : Je travaille en France et aussi à l’international. Localement je réalise quelques monuments, plutôt sculpturaux. Les clients me demandent des pièces uniques, créatives, qui sortent de l’ordinaire. Je ne travaille que sur commande !



M.G : Vos œuvres me font penser parfois au style architectural brutaliste à partir des années 50 qui emploie la matière brute pour son esthétique même. Quelles sont vos influences, vos inspirations ?


T.C : Je n’ai pas vraiment d’influence. Je suis immergé dans mon univers. Je m’inspire de mon quotidien, de la nature, de la lumière. Toutes les émotions et les sensations du quotidien qui me permettent d’être inventif.

Je suis sensible à plein d’artistes mais je n’ai jamais eu de mentor. J’ai toujours fait attention à ne pas être influencé. Je veux que mes œuvres sortent de mes tripes ! J’ai toujours été extrêmement prudent avec ça.



M.G : Des projets à venir ?


T.C : Je travaille actuellement sur pas mal de commandes de sculptures monumentales. Nous préparons de nouvelles expositions pour 2022-2023 avec de nouvelles pièces. Nous sommes en plein façonnage de ces nouvelles pièces. On revient dans la région, mais pour l’instant je ne peux pas l’évoquer…



Affaire à suivre donc… Merci Thierry Courtadon !



Propos recueillis par Margaux Granier-Weber

 

Plus d'informations sur : http://ateliercourtadon.com/

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