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Interview: Cristina Mouraut, Commissaire-priseur.

Cristina Mouraut, commissaire-priseur et co-directrice de la maison de ventes Yellow Peacock.

Sommaire :


I. Présentation, parcours et travail. II. Actualités. III. Carte Blanche. IV. Futurs projets et aboutissements. V. La Question Coupe-file Art.



I. Présentation, Parcours et Travail :


Votre formation post-bac a-t-elle commencé avec l’École du Louvre ? Comment avez-vous trouvé l’enseignement du premier cycle ?


J’ai été reçue à l'École juste avant de passer le bac. Le premier cycle est un enseignement absolument passionnant et qualitatif, avec des professeurs qui sont pour la plupart conservateurs. J’ai redoublé la première année parce que je n’avais pas vraiment pris conscience de ce qu’était l’École en terme de travail à fournir. Je voulais être commissaire-priseur depuis le lycée et je voulais aller au bout du premier cycle. Ça a été quatre années difficiles mais qui m’ont aidée par la suite, grâce à l’exigence de l’École.

Avez-vous confirmé votre intérêt de la spécialité « Grande Demeure » dans votre métier actuel en vous spécialisant dans la vente de mobilier par exemple ?


Rires. Je ne me souviens plus trop pourquoi j’ai pris cette spécialité mais déjà avant d’entrer à l’école j’étais bien plus intéressée par les œuvres en trois dimensions, la sculpture et surtout les objets d’arts et la décoration intérieure. Je me souviens avoir eu comme professeur Yves Carlier (actuel conservateur au Château de Fontainebleau) et Anne Forray-Carlier (actuelle directrice adjointe à la direction des musées des Arts Décoratifs et conservatrice en chef au département Moyen Âge/Renaissance et XVIIème/XVIIIème siècle au musée des Arts Décoratifs). Cette spécialité m’a vraiment aidée car elle m’a permis d’avoir une première approche de l'utilité des inventaires qui sont le cœur de notre métier.


Votre stage chez Christie’s durant votre formation était-il un test pour confirmer vos envies de devenir commissaire-priseur ?


Quand j’ai voulu faire mon stage chez Christie’s, je ne m’étais jamais confrontée au marché de l’art. Pendant l’entretien avec la commissaire-priseur, elle m’avait demandé si j’avais déjà mis les pieds à Drouot. Quand je lui ai dit non, elle m’a dit « Si tu ne mets pas les pieds à Drouot, comment peux-tu savoir si ce métier te plaît ? ». En sortant de l’entretien je suis donc tout de suite partie à Drouot. J’ai découvert une ambiance très particulière qui peut être assez intimidante et c’est dommage car c’est un endroit libre d’accès et il y a des objets très divers. Christie’s est une maison de prestige avec des objets incroyables, des process et une vision qui sont intéressants mais il fallait que je multiplie les stages pour comprendre de quelle façon je voulais exercer ce métier.

Aviez-vous envisagé de réaliser votre licence de droit en même temps que le premier cycle de l’École ?


Rires. Ah ! Non, surtout pas. L’École du Louvre c’est déjà très lourd. Je sais qu’il y a des élèves qui arrivent à jongler avec d’autres formations mais ça a toujours été bien mystérieux pour moi. Je trouvais le premier cycle très dur alors même que je passais le plus clair de mon temps à réviser.

Comment êtes-vous entrée et avez-vous aimé votre expérience à Paris X-Nanterre ?


Les six premiers mois ont été extrêmement durs parce que ce n’est pas du tout la même logique que l’histoire de l’art et que l’École du Louvre surtout. Je considère que l’École est vraiment une formation pour les futurs conservateurs, avec la connaissance de très nombreux objets, un "catalogue de références" qui me sert toujours aujourd’hui d’ailleurs. Mais quand on arrive en droit, les raisonnements sont différents et il faut vraiment s'accrocher.

J’ai vu que plusieurs années après votre stage chez Christie’s vous aviez réalisé un stage dans une autre grande maison de vente, Artcurial, dans le même domaine d'expertise. Ces institutions se ressemblent-elles ?


Pas du tout. J’étais très contente d’aller chez Artcurial, c’est une maison qui tente et essaie beaucoup de choses. Il y a beaucoup de choses qui les différencient. Ne serait-ce que la manière de travailler anglo-saxonne par rapport à la française. J’ai beaucoup appris de mes différents stages chez eux.


Ce stage et celui que vous avez réalisé en parallèle chez Aguttes vous ont-ils beaucoup servi à prendre de l’expérience pour votre poste actuel ?


Pour Aguttes, il s'agissait d'un stage d’été. Il a été intéressant car c’était une plus petite maison, mais avec beaucoup de personnel et de ventes. C’était enrichissant de voir une maison à plus petite échelle mais qui brassait de nombreux objets de qualité et qui avait des projets de développement. Une maison qui est très dynamique, peut-être encore plus aujourd’hui que quand j’y ai fait mon stage.


Conseillez-vous aux jeunes étudiants voulant se rapprocher du commissariat de multiplier les expériences comme vous l’avez fait ?


Oui, absolument. Pour plein de métiers différents c’est le cas. Mais ici, on a parlé de trois maisons qui ont toutes les trois un ADN et une manière de travailler différente. Il faut multiplier les expériences pour choisir le métier mais aussi la manière de le pratiquer.


Avez-vous hésité à vous rediriger vers la pratique plus judiciaire lors de votre expérience d’élève commissaire-priseur ?

En ayant fait l’École, j’étais plus partie sur le marché de l’art. Mais lorsque j'ai fait ma première année d’élève commissaire-priseur chez Maître Xavier Wattebled à Lille, j'ai fait pendant un an presque exclusivement du judiciaire : des procédures collectives, des liquidations judiciaires comme des usines ou des boulangeries. Vous vous en doutez, rien à voir avec l’École du Louvre mais c’était une très bonne expérience car même si ce sont souvent des contextes compliqués, c'est très intéressant de faire partie de la chaîne judiciaire. C’est une autre partie du métier intéressante, que je n’exerce plus vraiment aujourd’hui mais que j’espère retrouver bientôt car Yellow Peacock est accolé à une étude judiciaire.


Un point qu’on peut ne pas bien comprendre, c’est ce que sont le C.V.V. et la C.N.C.P.J., nous avons cru comprendre qu'il s'agissait de deux institutions mais pas plus, pouvez-vous nous éclairer ?


Le C.V.V. est le Conseil des Ventes Volontaires. C’est un organisme qui régit les relations des maisons de ventes avec les clients. Ils ont un site internet très bien fait pour comprendre leur rôle plus en détails (https://www.conseildesventes.fr/). Il a aussi une vocation de formation des élèves commissaires-priseurs.


Ils ont un rôle de médiateur donc ?


Oui voilà, une sorte de médiateur. Il est défini comme une autorité de régulation du secteur.

La Chambre Nationale des Commissaires-Priseurs Judiciaires ou C.N.C.P.J., c’est un peu comme l’ordre des médecins mais pour les commissaires-priseurs judiciaires qui regroupent des chambres régionales. Elle va évoluer car en 2022 la profession de commissaire-priseur judiciaire va être fusionnée avec celle des huissiers et nous deviendrons des commissaires de justice.

Le commissaire-priseur a donc deux casquettes : tout ce qui est marché de l’art, donc le côté volontaire qui est régi par le C.V.V. et tout le côté judiciaire, régi par la Chambre qui représente un autre diplôme avec les procédures collectives, les saisies et les inventaires de tutelles et de successions... Une même personne peut exercer les deux.

Donc pour pouvoir exercer pleinement le métier de commissaire-priseur il faut avoir les deux diplômes c’est ça ?


Oui, voilà.

Combien y a-t-il de commissaires-priseurs en France et d'élèves commissaires-priseurs ? Avez-vous apprécié de travailler dans l’Association nationale des élèves ?


Nous devons être environ 500 commissaires-priseurs en France. Il y a environ 30/40 élèves commissaires-priseurs, première et seconde années confondues, le stage après le concours d’entrée étant de 2 ans. Chaque année il y a une promotion d’une quinzaine de diplômés.

Oui en effet j’ai été vice-présidente de l’association des élèves et ça m’a permis de rencontrer de nombreux professionnels, ça allait du fournisseur de logiciels aux personnes qui s’occupent de la communication de maison du marché de l’art. Des personnes très diversifiées qui au final sont très utiles et peuvent devenir des partenaires importants dès que l’on devient chef d’entreprise. L'un des objectifs de l'association est l’organisation de la soirée de fin d’année ce qui consiste à trouver des sponsors, un lieu… C’est un projet qui permet à des personnes qui souhaitent devenir chef d’entreprise d'être confrontées à des échéances, de se créer un réseau, etc.

J’ai vu que vous aviez eu encore deux expériences avant votre travail actuel dans deux institutions, un nouveau passage par ArtCurial et un passage par l’Étude Morand & Morand de Drouot. Avez-vous apprécié de travailler dans de grandes compagnies, ou au contraire est-ce-que cela vous a fait prendre conscience de votre volonté de créer votre propre maison ?

Ma deuxième année d’élève commissaire-priseur, je l’ai faite chez ArtCurial au département des bijoux et des montres et j’ai eu beaucoup de chance. Ça m’a permis de participer aux ventes qui se déroulent à Monaco avec beaucoup de logistique, de sécurité, une clientèle prestigieuse... Une fois que j’ai été diplômée, j’ai rapidement trouvé un poste de commissaire-priseur salariée dans l’Étude familiale de maître Morand, qui se trouve dans le XVème arrondissement et vend à Drouot.




Mon travail consistait à m’occuper de toutes les ventes qui se déroulaient à Drouot donc une super expérience où je gérais les ventes de A à Z : rentrer les lots, les ficher, créer le catalogue, les mettre en salle… C’était la meilleure expérience que j’aurais pu avoir avant de me lancer et c’est vrai qu’au bout de deux ans et demi, j’avais l’impression d’avoir fait le tour. J’avais des idées et des envies que je voulais développer par moi-même et la volonté de me lancer est venue de là. J’aimais beaucoup mon métier mais il y avait des choses que j’avais envie de développer comme la digitalisation, faire évoluer les processus, la question de l’importance des ventes en salle de nos jours… Ça ne pouvait passer que par une prise de risque et la création de quelque chose, pas toute seule bien sûr, et de toutes ces expériences est venue l’idée de créer Yellow Peacock.


II. Actualités :


Quand est venue l’idée de créer Yellow Peacock ?


C’était deux ans et demi après le début de mon travail chez maître Morand. Ça a été assez rapide. Je me suis naturellement rapprochée de ma future associée Diem Crenais qui travaillait également chez maître Morand dans la partie judiciaire. D’une discussion, on s’est dit pourquoi ne ferait-on pas quelque chose ensemble ? Et en mars on a monté Yellow Peacock et notre première vente était en juin donc en l’espace de sept mois on a créé l’entreprise. Évidemment on ne l’a pas fait sur un coin de table, c’était beaucoup de travail. C’est allé assez vite mais inconsciemment nous avions chacune de notre côté beaucoup réfléchi sur l'évolution du métier.




Combien êtes-vous désormais à travailler dans la maison après trois ans d’existence ?


Nous sommes deux commissaires-priseurs associées, et on a régulièrement un ou deux stagiaires qui rejoignent l’équipe en fonction du besoin et de la volonté des personnes de venir faire un stage chez nous. On travaille régulièrement avec des professionnels extérieurs comme des experts mais on est une équipe restreinte.

Est-ce difficile de créer sa propre maison de vente en France ?


Non, ce n’est pas difficile. Ce qui l’est, c’est d’avoir une constance principalement financière, de se faire connaître, de réussir à en vivre. En tant que passionnées, ça a été un plaisir pour nous de créer notre structure.

Pensez-vous avoir créé la maison au bon moment ou a posteriori auriez-vous préféré prendre plus d’expérience ou ce genre de chose ?

Non je pense qu’on l’a fait au bon moment. J’avais trente ans, ça faisait deux ans et demi que j’étais salariée et je me suis dit que j’aimais beaucoup mon métier mais qu’il fallait que je le fasse à ma manière parce que j’en étais arrivée à un point où, si je n’avais pu évoluer, je pense que j’aurais changé de voie. La digitalisation avait déjà un peu commencé donc je pense que c'était le moment de le faire.

Yellow Peacock a-t-elle une spécialité ?


Selon moi, le métier de commissaire-priseur nécessite d'être généraliste. Lorsqu'on fait un inventaire de succession par exemple, il faut avoir un avis sur tout. Mais, bien sûr, c’est impossible de tout savoir, donc on travaille régulièrement avec des experts. Il existe des experts pour tout, bande dessinée, jouet, tapis… Ils sont là pour confirmer ou nous aider à affiner nos expertises et nos estimations. On veut garder ce que l’on pense être l’ADN du commissaire-priseur, c’est-à-dire être généraliste.

Depuis la création de Yellow Peacock, quelle vente, œuvre ou artiste avez-vous été le plus fière de présenter ?


En juillet dernier, on a eu une vraie belle histoire. Dans une succession, les héritiers voulaient tout faire débarrasser pour vendre la maison. Mon associée qui faisait l'inventaire leur a proposé de vider la maison mais en faisant le tri et en vendant ce qui avait de la valeur. Les héritiers nous ont fait confiance. Nous avons vendu une collection de livres, une collection de jouets anciens, des accessoires de mode, des bijoux, des objets d'art et deux tableaux du peintre brésilien Emiliano Di Cavalcanti (1897-1976) qui est l’un des plus grands artistes brésiliens de la première moitié du XXème siècle. Ces toiles sont assez rares sur le marché de l’art, c’est un artiste très apprécié et assez coté. Les deux toiles ont été vendues pour plus d’un million d’euros alors qu’elles étaient, comme le reste, destinées à l’origine à la benne à ordure. C’est une des raisons pour lesquelles j’aime beaucoup mon métier.



 circa 1935   Huile sur toile. Signée en bas à droite Di Cavalcanti. Dim. : 128 x 154 cm.
Emiliano DI CAVALCANTI (1897-1976), Troupe de musiciens et danseurs. Vers 1935, huile sur toile, 128 x 154 cm.

Comment se déroulent les expertises ? On peut imaginer que vous avez vos propres domaines de connaissances, mais vous arrive-t-il de faire appel régulièrement à des experts pour authentifier ou expertiser des œuvres ?


Dans 90 % des cas on ne fait pas appel à un expert car il y a des objets récurrents pour lesquels nous n'avons pas besoin d’être épaulés par eux. Pour ce qui est des tableaux ou sculptures, on a des bases de données comme ArtPrice ou Drouot qui nous permettent d’avoir une idée des estimations. Mais pour certaines spécialités comme les timbres c'est quasi systématique de faire appel à un expert : nous avons vendue deux enveloppes du XIXème siècle, timbrées et tamponnées, 14 000 euros car elles avaient été tamponnées dans un bureau de poste assez rare en Italie pendant les campagnes italiennes de Napoléon III. C’est pour ce genre de cas très pointus que l'on fait appel à des experts car ce ne sont pas le genre de choses qu’on apprend à l’École du Louvre.

Sont-ils rattachés d’une quelconque manière à Yellow Peacock ou sont-ils totalement indépendants et faites-vous appel à eux indépendamment à chaque fois ? Car on peut imaginer que dans les très grandes maisons comme Christie’s ou Sotheby’s des experts doivent être employés par l’entreprise. Oui chez nous ils sont totalement indépendants.

C’est vrai que dans les trois grandes maisons, il y a des départements avec des spécialistes et ils font rarement appel à des experts extérieurs mais cela dépend vraiment des maisons et de la philosophie de l’entreprise.

Que pensez-vous de l’évolution du marché de l’art depuis que vous avez commencé à être commissaire-priseur ?

Quand j’ai commencé à mettre un pied dans le marché de l’art, il y a plus de dix ans, j’avais l’impression que tout se vendait très facilement. Aujourd’hui ça semble plus difficile. Les œuvres ou artistes rares ou cotés se vendent beaucoup plus chers qu’avant. Mais tout ce qui est de l’ordre du « moyen », on va dire entre 500 et 10 000 euros, c’est beaucoup plus difficile. Selon moi c’est représentatif de la société de consommation en général, le luxe ne s’est jamais mieux porté qu’aujourd’hui car les consommateurs riches sont toujours plus riches. Ce n’est pas très rassurant pour le monde du marché de l’art mais c’est à nous, les professionnels de l'art, de faire comprendre aux particuliers que les ventes aux enchères ne sont pas élitiste. On commence à être aidé grâce à la télévision avec des émissions comme Affaire conclue ou Un trésor dans votre maison qui donnent un nouveau regard sur notre profession.

Pensez-vous que ce problème de vente, dans la fourchette moyenne, est dû aux acheteurs ou aux professionnels du marché de l’art ?


Personnellement, je pense que ce n’est pas la faute du marché de l’art mais plutôt des nouveaux modes de consommation.


Le partenariat avec la plateforme de vente Drouot Digital vous semblait-il essentiel ou est-ce simplement pour des raisons pratiques car vous deviez déjà connaître son fonctionnement ?

C’était essentiel car Drouot est vraiment une marque. C’est une marque qui est connue dans le monde et vendre sur la plateforme de Drouot permet de toucher un très grand nombre d’enchérisseurs. C’est essentiel pour permettre aux vendeurs d’avoir un maximum de visibilité et c’est aussi un gage de qualité.

De l’extérieur on pourrait penser que le milieu de la ventes aux enchères est occupé par les compagnies internationales très importantes comme Sotheby’s, Christie’s et Artcurial par exemple, est-ce difficile de se faire une place dans ce milieu en France ? Pour Yellow Peacock ce n’est pas du tout un problème car nous ne sommes pas sur le même schéma ou la même clientèle. Les grosses maisons ne proposent que des objets à partir de 5 000 euros. L’enchère moyenne en France est autour de 1 000 euros je crois. Chez Yellow Peacock on peut vendre tout ce qu’il y a dans une maison ou une entreprise, du photocopieur à 50 euros au tableau au-dessus de la cheminée à 10 000 euros. Il y a aussi des maisons qui ont développé une spécialité, la nôtre c’est d’être généraliste. On traite tout de A à Z, quand une personne a hérité d’un appartement, veut prendre quelques objets mais ne sait pas quoi faire du reste, on s’occupe d’estimer et de vendre les objets qui peuvent être vendus. On peut aussi donner des choses à des associations comme Bibliothèques sans frontières avec qui nous travaillons, et le reste, nous proposons de le détruire. Mais cette façon de travailler n’est pas celle des grandes maisons, c’est pour ça qu’il y a de la place pour tout le monde.

Est-il rare de voir des maisons de vente tenues par des femmes ?

Il n’y a pas beaucoup de maisons de vente dirigées par des femmes, c’est sûr. La première commissaire-priseur femme, il me semble que c’était dans les années 70 ou 80, donc il n’y a pas si longtemps. Mais il y a de plus en plus de femmes commissaires-priseurs et de femmes salariées dans les maisons de ventes.


III. Carte Blanche :


On parle beaucoup d’écologie et d’arrêter de consommer du neuf, et je pense que cette préoccupation va servir le milieu des ventes aux enchères parce qu’on peut y acheter une table en bois massif avec un vrai travail d’artisanat pour une centaine d’euros.

Je n'achète quasiment rien de neuf, c'est peut être une déformation professionnelle mais j’ai eu une prise de conscience là-dessus. L'un de nos enjeux avec mes confrères et les professionnels du marché de l’art, c’est de faire comprendre qu’avec les ventes aux enchères on peut réussir à consommer autrement et que l'on y trouve pas que des objets d’art vendus pour plus d’un million d’euros.

Cette nouvelle façon de consommer, du seconde main, sera je pense très bénéfique au marché de l’art et à la vente aux enchères mais il reste beaucoup de communication à faire, de notre part mais aussi de la part de la Chambre et du Conseil des Ventes. Je pense que beaucoup de mes confrères et consœurs ont envie d’aller dans ce sens-là.


IV. Futurs Projets.


Avez-vous à terme un objectif pour Yellow Peacock sur le plan de la taille ou des résultats ?

Tous les six mois avec mon associée on prend le temps de parler de futurs projets. Nous avons beaucoup d’idées que l’on a envie de tester. Nous souhaitons avoir des ventes avec une gamme de prix un peu plus étendue. On a actuellement nos ventes « Art et Déco » qui sont des ventes d’objets entre 20 et 1 000 euros. Ce sont des ventes qui marchent très bien car elles attirent les particuliers mais aussi quelques marchands. Mais on aimerait proposer plus de ventes prestigieuses, en ligne ou en salle. En 2020, notre volonté c'est surtout de développer un peu plus notre activité judiciaire.

Est-ce-que vous avez des projets pour les prochains mois ou prochaines années dans lesquels vous pensez participer, des grosses ventes dont vous aimeriez faire la promotion ?


Oui, la vente d’une collection d’art africain en septembre. C’est un fonds de dotation créé par Jean-Loup Lévêque qui est un collectionneur d’art africain qui a eu envie par ce biais de vendre sa collection au profit d'associations en Afrique. Il a donc fait appel à Yellow Peacock pour organiser la vente aux enchères qui se déroulera en salle, au 20 rue Drouot.


J.L. Lévêque et sa collection. (© Fondation Jean-Loup Lévêque)


V. La Question Coupe-file Art :


Je vais parler d’une œuvre très connue que je suis retournée voir il y a peu de temps : c’est la Victoire de Samothrace.


La Victoire de Samothrace, vers 190 avant J.-C., île de Samothrace. (© 2014 Musée du Louvre / Philippe Fuzeau)

Je suis censée la connaître par cœur ayant été élève à l’École du Louvre mais elle m'a fascinée comme si je la découvrais pour la première fois… Comme je vous l’ai dit, je suis plus sensible à la trois dimension. J’ai constaté à nouveau la qualité d’exécution et le réalisme des drapés et quand on replace cette oeuvre dans le contexte de la période hellénistique, je me dis que l’être humain sait faire des choses absolument incroyables depuis des siècles.


Propos recueillis par Arno Le Monnyer.

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