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Végétal : la Maison Chaumet à l'honneur aux Beaux-Arts de Paris


L’exposition “Végétal : L'Ecole de la beauté” présentée depuis le 16 juin dernier aux Beaux-Arts de Paris s'achève dimanche 4 septembre prochain. Déployant des pièces de la célèbre maison de joaillerie Chaumet et un large panel d'autres productions, elle consacre la représentation des plantes à travers les âges. Pour les passionnés de botanique et les amateurs d'orfèvrerie, c’est donc la dernière occasion d’admirer ce corpus inédit.


L'étage supérieur de l'exposition. Au fond, Les Grappes de raisin de Séraphine de Senlis (1930). ©CoupeFileArt

Sous la houlette du botaniste Marc Jeanson, assisté par Raphaëlle Reynaud, chargée de recherches artistiques chez l’agence ARTER, ce sont plus de 300 œuvres qui sont ainsi présentées au public. Outre la quantité importante de pièces rassemblées dans les locaux de l’école des Beaux-Arts de Paris, la diversité des supports et des époques peut décontenancer. En effet, le visiteur peut admirer une couronne de myrte dorée macédonienne du IVe siècle avant notre ère aux côtés d’un fossile de rameau de laurier du Cénozoïques datant d’il y a plusieurs millions d’années. Plus loin, une nature morte de Michel Garnier peinte en 1801 côtoie un herbier réalisé dans les années 1970 et conservé au Muséum d’histoire naturelle. Afin d’ordonner ces odes toutes plus diverses que variées, le commissariat d’exposition a partagé le parcours en cinq espaces en fonction des différents environnements dans lesquels grandissent les espèces de végétaux montrées au public. La forêt, l’estran, la roselière, la prairie et le jardin se succèdent ainsi au fil des salles. Avec une autorité rare, la muséographie est décidément thématique. “On pourrait dire que ce voyage est né de l’idée même de ce qu’est un herbier, tant par sa composition que par la façon dont celui-ci investit le projet. Dans un herbier, c’est l’identité spécifique de la plante qui dicte sa classification et non l’histoire de l’échantillon : qu’on ait affaire à un spécimen collecté au XVIe siècle ou le mois dernier, il sera rangé au même endroit”, explique Marc Jeanson dans le catalogue d’exposition. En d’autres termes, l’évolution de la représentation d’une rose à travers le temps prime à travers l’étude des techniques d’un artiste ou d’une époque donné.


Couronne de myrte dorée (325-300 av. JC). ©CoupeFileArt

Au fil des salles, lesquelles valent à elle seule le détour, notamment celle située à l’étage supérieur de l'École, la Maison Chaumet demeure toujours au centre de l’attention. Ses quelques 80 pièces exceptionnelles émaillent la visite et éblouissent par la virtuosité de leur fabrication. Grâce à une mise en lumière idoine, plusieurs diadèmes scintillent sous leurs vitres de protection. A titre d’exemple, on citera le diadème Ailes de la mécène américaine Payne Whitney. Réalisé en 1910 par Joseph Chaumet en platine, diamants et émail, il est issu des collections de la maison Chaumet. Un autre diadème, Aux épis de blé, et créé en 1811 par François-Regnault Nitot, lui fait concurrence quelques mètres plus loin. Constitué d’or, d’argent et de diamants, il est représentatif des motifs privilégiés dans la joaillerie sous le Ier Empire. Les épis de blé, qui renvoient à la fertilité et donc à la prospérité, sont ciselés dans le pur style de la maison Chaumet, avec un travail du mouvement caractéristique. La prolifération des motifs végétaux au début du XIXe siècle a notamment été impulsée par l’impératrice Joséphine, passionnée par les plantes. Mentionnons enfin le diadème Lys Passion Incarnat, en or, spinelles rouges, grenats rhodolites, tourmalines vertes et diamants. Cette pièce contemporaine, formée en 2016 et dont le travail des feuilles est mis en relation avec une rose immortalisée par une épreuve gélatino-argentique du photographe tchèque Josef Sudek.


Diadème ailes de Mrs Payne Whitney (1910). ©CoupeeFileArt

Car ce qui fait la singularité de cette exposition, c’est bien le dialogue entre les bijoux de la maison Chaumet et des représentations tierces du monde végétal. Les arts de la photographie et de la peinture sont majoritaires. Des noms bien connus du grand public mais que l’on peine à relier à des productions végétales, sont accrochés. L’Iris d’Otto Dix, œuvre de jeunesse datant de 1912, en est l’illustration. La dernière salle du parcours renferme deux des pièces phares de l’exposition, puisque le Printemps et l'Été de Giuseppe Arcimboldo ont été prếtées par le musée de Louvre depuis l’autre rive de la Seine. Outre les huiles, le visiteur peut contempler des manuels de botanique de la Renaissance, de véritables végétaux compilés dans des herbiers ou sédimentés sous forme de fossiles. Une vitrine est même consacrée à la maison de couture Dior. On y observe une robe décorée de muguet portée à l’écran par François Arnoul dans Paris Palace Hôtel d’Henri Verneuil.


Diadème lys Passion Incarnat, Collection La Nature de Chaumet (2016). ©CoupeFileArt

Si elle peut étonner par la profusion foisonnante des œuvres qui la composent, l’exposition Végétal permet une approche innovante de la représentation du vivant à travers l’Histoire. La Maison Chaumet offre pour sa part un écrin majestueux à ses bijoux, d’époque ou actuels, placés au centre de la scénographie.

 

Exposition Végétal : L'Ecole de la beauté

Beaux-Arts de Paris - 14 rue Bonaparte - 75006 Paris

Tarif d'entrée : 2, 5 ou 10€ au choix (tous les bénéfices sont reversés aux Beaux-Arts de Paris)

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