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Aquae Segetae, une cité thermale romaine dans la Loire.

À une quarantaine de kilomètres de Saint-Etienne, Montbrison, capitale historique du Forez et ancien siège comtal, possède une riche histoire médiévale. Néanmoins, à l’époque romaine, c'est la ville de Moingt, incluse dans Montbrison depuis 2013, qui était le site majeur de la région. Alors nommée Aquae Segetae, il s’agissait d’une cité thermale de grande envergure dont de nombreux vestiges sont encore visibles aujourd’hui. Relativement délaissée par les autorités politiques, une association se bat pour faire avancer les connaissances sur ce site majeur.


Vue actuelle du Théâtre Antique, Photo A.L.
Table de Peutinger avec Aquae Segetae.

C’est en 1674, que pour la première fois, un chanoine nommé La Mure signale dans son Histoire universelle et ecclésiastique du païs de Forez l’origine antique des murs du couvent Sainte-Eugénie situé en périphérie du bourg. C'est, cependant, au XIXème siècle avec le développement de l’archéologie que le site sera vraiment étudié. En 1824, Moingt est identifiée sur la table de Peutinger, carte routière du IIIème siècle représentant les villes de l’Empire romain, comme une cité thermale. En 1876, le premier état des lieux des thermes est dressé par l´architecte J.-B. Dulac. En 1882, le théâtre est pour la première fois sommairement exploré. Il faudra cependant attendre respectivement 1981 et 1990 pour que le théâtre et les thermes soient classés et inscrits aux monuments historiques. Depuis, quelques travaux ont été entrepris, notamment par O. Blin, C.L. Barrier et P. Thirion entre 1991 et 1993, puis dans le cadre de l’archéologie préventive. Mais le site reste encore, malheureusement, une vaste terra incognita.


Mosaïque découverte au XIXème siècle sur le site de Chezieux, Collection de La Diana, Montbrison

L’état actuel de la connaissance laisse cependant penser qu’Aquae Segetae fut un site majeur dont l’apogée se serait situé au IIème siècle après J.-C. avant d’être progressivement abandonné au IIIème siècle. Selon les travaux archéologiques, le site était composé d’un sanctuaire dédié à la déesse de l’eau Segeta, qui a donné son nom au site. De cette ville subsistent aujourd’hui les vestiges des thermes, du théâtre antique, et ont été également fouillés les soubassements d’un temple (Fouilles du Groupe de Recherches Archéologiques de la Loire en 2002) ainsi que des bâtiments de stockage. De plus à quelques kilomètres, à Chezieux, les traces de ce qui pourrait être une villa suburbaine ont récemment été mises au jour. Une mosaïque de belle qualité a notamment été découverte sur ce site.


Le théâtre


Adossé à une colline, il se situe sur les hauteurs du bourg, à quelques centaines de mètres de l’ensemble constitué par le temple et les thermes. D’après les travaux menés par Jean Renaud (1959-1960) et Olivier Blin (1995), le théâtre semble pouvoir être daté de la fin du Ier siècle après J.-C. Aujourd’hui, si un accès est dégagé entre les habitations modernes, on ne distingue plus guère que les délimitations de la cavea (partie d'un théâtre romain ou d'un amphithéâtre où se trouvent les gradins sur lesquels s'assoient les spectateurs). Le plan général du théâtre forme un demi-cercle outrepassé de 80 m de diamètre. D’après les estimations, ce théâtre mixte, aussi bien destiné au théâtre qu’à la lutte, pouvait accueillir jusqu’à 5000 personnes, soit l’un des plus grands de la province. Malheureusement, l’absence de campagnes majeures de fouilles, sa réutilisation en tant que carrière de pierre et les constructions modernes autour en empêchent une meilleure connaissance.


Le site des thermes


Abords de Sainte Eugénie, ancien emplacement des Thermes avec en construction l'imitation du bassin de nage. Photo A.L.

Il s’agit de l’espace majeur d’Aquae Segetae constitué, d’après les fouilles, de thermes, d’un podium, d’un temple et sans doute d’une enceinte. Les eaux de Moingt étaient réputées pour leur vertus thérapeutiques. Aujourd’hui, seules les thermes sont encore visibles puisque les bâtiments semblent avoir servi de base à l’édification de la chapelle Sainte-Eugénie. Il faut cependant imaginer dans le vaste bâtiment un vestiaire, des bassins d’eau chaude, froide et tiède. À l’extérieur aurait pris place un vaste bassin de natation qu’une reconstruction moderne semble vouloir imiter. Néanmoins, les fouilles manquent sur le site puisqu’encore une fois, aucune grande campagne n’a été menée afin de valoriser ce patrimoine.


Lorsque l’on connaît l’intérêt du public pour les vestiges romains - en témoigne le succès des sites majeurs que sont Vaison-la-Romaine ou encore Orange - il est difficilement explicable qu’aussi peu d’intérêt soit porté aux vestiges antiques de Moingt. Par la mise en place de moyens simples, comme des chantiers de fouilles pédagogiques, Montbrison-Moingt pourrait devenir l’une des places fortes du tourisme patrimonial en Rhône-Alpes. La ville semble assise sur un trésor à valoriser. Si certaines actions municipales vont dans ce sens, comme la mise en place de panneaux explicatifs, fortement encouragées par l’association Les Amis des thermes romains, il faut aller plus loin afin de révéler à tous, même aux locaux, le riche passé de Moingt, autrefois nommée Aquae Segetae.

Antoine Lavastre


 

Pour en savoir plus :


Reconstitution en aquarelle du site par Jean-Claude Golvin : https://jeanclaudegolvin.com/aquae-segetae-moingt/.


Site de l'Association :


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