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C215 nous entraîne au musée de l'Ordre de la Libération


C215, Marie Hackin (1905-1941), 2021, technique mixte, portrait peint sur valise.

Au cœur de l’hôtel des Invalides, le Musée de l’Ordre de la Libération passe souvent inaperçu face à l’aura de son illustre colocataire : le musée de l’Armée. Créé en 1967, lorsque le général de Gaulle installa l’Ordre dans l’édifice, il a pour mission de rendre hommage aux Compagnons de l’Ordre à travers la présentation de trois grandes thématiques : la France libre, la Résistance et la Déportation. Il offre ainsi une histoire de la Seconde Guerre mondiale par le prisme des hommes qui l’ont vécue et qui se sont battus pour la liberté. Depuis le 7 février et jusqu’au 8 mai, l’artiste C215 y expose de nombreux portraits réalisés au pochoir. L’occasion parfaite de découvrir ou redécouvrir ce lieu méconnu.



C’est au milieu des collections, dans un espace assez exigu mais propice au recueillement, que l’artiste contemporain présente une cinquantaine de portraits peints sur divers supports faisant échos à la vie des compagnons représentés. Ainsi le portrait de Romain Gary orne une veste d’aviateur, référence évidente à son rôle dans les armées de la France Libre, tandis que celui du général de Gaulle s’affiche sur un vinyle des lectures de ses Mémoires de guerre. De même, celui de Pierre Brossolette est réalisé sur un poste radio pour commémorer son rôle de porte-voix de la Résistance sur la BBC où il prendra la parole à 38 reprises. C215 s’attache à mettre en lumière par le portrait peint ces personnes qui « ne sont connues que par leur patronyme » ou « de certains historiens, passionnés de militaria ou de politique » comme il nous l’indiquait il y a quelques jours dans un entretien. L’artiste donne ainsi un visage à tous ces héros dont la vie est rapidement résumée dans chaque cartel.



C215, Pierre Brossolette, 2021, technique mixte, portrait réalisé sur poste radio.

Les portraits réalisés au pochoir, dont la technique est expliquée dans une vitrine reconstituant le bureau de l’artiste, et ces courts textes nous incitent à vouloir en savoir plus sur ces hommes et ces femmes. Ainsi, l’exposition trouve son prolongement naturel dans les collections permanentes du musée. C’est d’ailleurs une volonté affirmée par l’artiste qui aime « amener des amateurs d’art urbain vers des sujets différents » pour qu’ils « aient l’envie d’en découvrir plus ».







Veste, chapeau et foulard ayant appartenu à Jean Moulin, Musée de l'Ordre de la Libération.

Rénové de 2012 à 2015, le musée occupe deux grands couloirs superposés parfois complétés par des salles adjacentes. Si la scénographie peut paraître un peu austère avec ses grandes vitrines vert foncé, elle n’en reste pas moins agréable. Le visiteur découvre l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement celle de la France libre, des résistants et des déportés à travers le prisme des Compagnons, ces hommes, ces femmes et ces personnes morales qui se sont signalés au cours de la Libération de la France. Chaque vitrine retrace ainsi le parcours de quelques-uns à travers des objets leur ayant appartenu ou évoquant leur souvenir. Parmi ceux-là, nous découvrons le fameux manteau, le foulard et le chapeau que Jean Moulin porte sur la photo restée à la postérité. Dans la salle consacrée au fondateur de l’Ordre, le général de Gaulle, la présentation de l’ensemble de ses dizaines de décorations et ordres (75 pour être exacte) suffit à situer son importance historique.



Au-delà de la vie des Compagnons, c’est aussi leur action que le musée présente avec des sections consacrées aux actions militaires ou à la résistance. Dans celle-ci, un accrochage est centré autour du sabotage avec la présentation particulièrement parlante de pièces de locomotives endommagées.



Si les Compagnons sont à l’honneur, le premier étage consacré à la déportation rappelle l’importance de leur combat pour la liberté et contre la haine. Le génocide des juifs est ainsi particulièrement mis en avant avec des vitrines consacrées aux différents camps de concentration où sont rappelés le nombre des victimes. Une photo marque peut-être plus que tout autre objet. Elle montre une classe de jeunes filles d'un foyer de l'Union générale des Israélites de France à Saint-Mandé. Sur les dix-huit enfants, vingt seront internées à Drancy puis déportées à Auschwitz. Une seule en reviendra.


C215, Honoré D'Estienne D'Orves (1901-1941), 2022, technique mixte, Paris, avenue de Lowendal.

« Nous voulions créer quelque chose qui [….] aurait pour volonté de faire vivre la mémoire de ces gens qui, par leurs valeurs et par leurs actions, ont tellement à nous apprendre ». Avec cette exposition C215 répond ainsi parfaitement à l’objectif qu’il s’était fixé en collaboration avec le général Baptiste, délégué national de l’ordre de la Libération. Par cette exposition et par le parcours urbain d’œuvres qui l’accompagne, c’est un nouveau public qui est amené à franchir les portes du musée de l’Ordre de la Libération et ainsi à découvrir et apprendre de ceux qui ont choisi de lutter, et cela parfois jusqu’à la mort, pour que la France demeure une terre de liberté et d’égalité entre les Hommes.




Antoine Lavastre

 

Entre Ombre et Lumière. Portrait de compagnons de la Libération.

Du 7 février au 8 mai 2022

Musée de l'ordre de la Libération.


Pour aller plus loin :



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