Joseph Kosuth et l'art conceptuel
- Alexis Consigny
- 9 nov. 2018
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 sept. 2022

Né en Ohio en 1945, Joseph Kosuth est aujourd'hui considéré comme l'un des fondateurs de l'art conceptuel. Sa vie et son œuvre sont intimement liées au développement de ce mouvement apparu dans les années 60. On peut néanmoins en retrouver les prémisses dans les ready-made de Marcel Duchamp et dans le suprématisme de Malevitch dans les années 10.

En 1965, Joseph Kosuth expose, à l'âge de vingt ans, l'installation One and Three Chairs, considérée comme l'une des premières œuvres d'art conceptuel. Il s'agit de trois représentations du concept de chaise : une photo, une définition et une chaise physique. C'est là toute la force de l'art conceptuel : faire en sorte que le spectateur soit placé face à une idée. La photographie est prise à chaque fois in situ, changeant par conséquent à chaque nouvelle exposition. Kosuth en a produit une série avec de nombreux objets différents, mettant en avant le jeu entre les trois représentations, plutôt que les objets en eux même. Dans la continuité de cette oeuvre, Kosuth crée Art as Idea as Idea (l'art comme idée en tant qu'idée) qui se passe cette fois de l'objet et de sa photographie pour se focaliser sur la définition et pousser le spectateur à s'interroger sur les limites de ce qu'est une oeuvre d'art.

En effet, comme il l'écrit dans son essai "Art after Philosophy", Kosuth considère l'esthétique comme un élément dispensable qui camoufle l'art pur.

Pour dépasser l'écueil de l'interprétation et de l'appréciation esthétique, il s'applique à créer des œuvres tautologiques. Four colors four words, créée en 1966, est exactement ce qu'elle représente : quatre mots de quatre couleurs différentes. Ce rapport particulier à l'art rappelle la thèse que Wittgenstein développe dans le Tractatus Logico-Philosophicus, selon laquelle l'affre du langage est l'inexprimable : "Wovon man nicht sprechen kann, darüber muß man schweigen" (Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence). C'est exactement le but des oeuvres tautologiques : être vraies, sur le champ et sans condition.
"L'art est la définition de l'art" Joseph Kosuth.
Comentários