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La pyramide d'Ounas


A la fin de la Ve dynastie, vers 2300 avant notre ère, le pharaon Ounas fait construire sur le site de Saqqarah sa tombe : la pyramide d'Ounas. Située au Sud-Ouest du complexe de Djéser, le chef d’œuvre d'architecture funéraire de la IIIe dynastie, elle est célèbre pour les hiéroglyphes qui recouvrent les parois de son caveau. C'est en effet la première à contenir le texte des pyramides, un écrit religieux parmi les plus anciens connus.

Vue de la pyramide d'Ounas depuis la chaussée

En arrivant sur le site de Saqqarah, le premier édifice remarquable est le temple bas de la pyramide d'Ounas, situé à la lisière du désert, qui est en Égypte d'une netteté surprenante, et orné de colonnes aux chapiteaux lotiformes. Il était à l'origine desservi par un canal, les égyptiens cherchant l'aridité du désert pour y établir leurs nécropoles. Plus en avant, sur le flanc Est de la pyramide, le temple haut est séparé en deux parties : la première, publique et constituée d'une cour entourée de colonnes est suivie de la partie privée, à laquelle n'avaient accès que quelques prêtres, et où étaient apportées les offrandes. Les deux temples sont reliés par une chaussée couverte d'environ sept cent mètres de long, dont la couverture en soffite permet un éclairage nuancé des parois. Un fragment de ces dernières est conservé dans la salle 635 du musée du Louvre : c'est le relief de la famine. S'y trouvent des bédouins dont les corps squelettiques sont dépeints avec moult détails anatomiques précis, allant des côtes saillantes aux bassins apparents. Les interprétations possibles de ce relief sont nombreuses. Néanmoins, la plupart s'accordent à dire que l'opposition entre le peuple égyptien, vivant dans la Maât (l'équilibre du monde), et les habitants du désert, qui vivent dans l'Isfet (le chaos) est un des thèmes dominants. Aujourd'hui, seule une infime partie des parois et de la couverture de la chaussée est conservée.

Coupe perspective de la pyramide d'Ounas, Franck Monnier

La pyramide d'Ounas avait à l'origine les faces lisses, ce qui la situe dans la continuité des tombeaux du plateau de Gizeh à la IVe dynastie, eux même en rupture avec les pyramides à degrés de la IIIe. Elle culminait autrefois à quarante-trois mètres et en mesure cinquante sept au niveau de la base, ce qui en fait une des plus petites de l'ancien empire, probablement en raison du déclin économique qui marque le règne d'Ounas. Son état actuel est dû à la méthode de construction, qui privilégiait des matériaux de moindre qualité empilés sans beaucoup de précautions, tandis que son revêtement en calcaire de Tourah fut réutilisé. L'entrée de la pyramide se trouve au Nord, et consiste en un étroit goulet (repère A) aboutissant à une antichambre (repère B), mesurant trois mètres soixante-quinze sur trois et dont les murs sont recouvert de hiéroglyphes en colonnes serrées rehaussés de peinture bleue-verte tandis que la voûte en chevrons est quant à elle parsemée d'étoiles à cinq branches. A gauche se trouve le serdab (repère C), qui contenait plusieurs statues du défunt, et à droite se situe la chambre funéraire (repère D) mesurant sept mètres trente sur trois.

Mur Ouest de l'antichambre de la pyramide d'Ounas, dont l'ouverture donne sur la chambre funéraire

Cette dernière renferme quelques particularités intéressantes qui, pour être découvertes, nécessitent de se munir d'une lampe torche, avant de couper les lumières. La première moitié de la salle est en calcaire, comme l'antichambre, mais en éclairant la deuxième partie, c'est un tout autre minéral qui se révèle dans l'obscurité : l'albâtre. Sa transparence irise autour du sarcophage en grauwacke du roi Ounas. Une représentation du défunt se trouve sur l'un des murs. Elle est en très bas relief est n'est visible à l’œil nu qu'en plaçant une source de lumière parallèlement au mur, ce qui fait apparaître une silhouette grâce à un jeu d'ombres. Quelques traces de polychromie subsistent, laissant deviner un plafond anciennement bleu et or, et le mur Ouest de la chambre funéraire porte un décor rappelant les portes du palais royal.

Gaston Maspero dans la chambre funéraire de la pyramide d'Ounas

En ce qui concerne le texte, il s'agit d'un écrit religieux découvert en 1881, en même temps que la pyramide, par Gaston Maspero, prouvant au passage sa théorie selon laquelle, n'en déplaise à Auguste Mariette, toutes les pyramides n'étaient pas dépourvues de textes comme celles de Gizeh. Le texte des pyramides précède sûrement Ounas, et était très codifié. En effet, il se trouve un cartouche dans la pyramide ne portant pas le nom d'Ounas mais seulement le mot "roi". Une faute d'étourderie vieille de plus de 4300 ans, le sculpteur ayant sûrement recopié le caractère purement indicatif du modèle.






La pyramide d'Ounas est un monument qui, s'il n'atteint pas la monumentalité d'autres productions funéraires de la même période, contient une des découvertes majeures de l'histoire de l'égyptologie. Descendre dans une pyramide, c'est entrer dans un lieu à part, en rupture avec l'extérieur. Si vous vous y rendez, n'hésitez pas à demander au gardien d'éteindre les lumières, vous verrez mieux.

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