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Le Codex Vallardi : la nature par Pisanello

Rares sont les personnes s’aventurant dans les cabinets de consultation du département des arts graphiques du musée du Louvre. Rarement exposés pour cause de fragilité les nombreux dessins qu’il accueille enchantent cependant régulièrement le regard des visiteurs des expositions où ils sont prêtés. Parmi ces milliers de pièces, un ensemble, le codex Vallardi, par son histoire et ses trésors méritait bien un petit coup de projecteur.


Pisanello, Torcol fourmilier. Deux chardonnerets perchés sur des branches, folio 2466, Louvre

Si nous pouvions remonter le temps jusqu’en 1856 et nous promener parmi les réserves et les étroits couloirs des coulisses du Palais du Louvre, nous tomberions alors sur un musée en pleine effervescence. La cause de cela : l’achat d’un ensemble de plus de 300 dessins de la main d’un des plus grands maîtres de l’histoire de l’art, Léonard de Vinci. Appartenant à un collectionneur italien répondant au nom de Giuseppe Vallardi (1784-1861), ce codex comprenant en tout et pour tout 378 feuillets détachés, parfois dessinés au recto et au verso est rempli de merveilles. Les amateurs ayant la chance de pouvoir l’admirer y découvrent alors aussi bien des croquis d’anatomie que des dessins d’animaux fidèlement reproduits et même quelques portraits ou têtes de caractères.


Circonspect par cette « miraculeuse » découverte de plusieurs centaines de dessins du maître classique, le conservateur des dessins du musée, Frédéric Reiset, décide alors de se plonger dans le codex. Ces conclusions sont sans appel : rares sont les dessins de Léonard. En effet le codex est en fait l’œuvre pour l’immense majorité de ses folios d’un autre peintre italien, Antonio di Puccio Pisano plus connu sous le nom de Pisanello. A la déception succède alors l’admiration, en effet Pisanello est l’un des plus grands noms de la peinture du nord de l’Italie du Quattrocento et rares sont les œuvres conservées de sa main.


Pisanello, Projet du droit d'une médaille à l'effigie du Christ, en buste, de profil, folio 2305, Louvre

Avec ce codex, le Louvre à défaut d’augmenter considérablement sa panoplie de « Léonards » se voit alors à la tête d’une des plus grandes collections de dessins du maître pisan. Né vers 1385 et mort aux alentours de 1455, Pisanello fut l’un des derniers représentants du style du gothique international en Italie. Aussi bien bronzier que peintre, Pisanello est aujourd’hui majoritairement connu pour son travail en tant que concepteur de médailles. Reprises de l’antique, les médailles présentant portraits et allégories font leur grand retour à la Renaissance. Les puissants se les échangent et les exposent dans leur studiolo (ancêtre des cabinets de curiosités). Considéré comme un maître absolu en cet art, Pisanello est demandé partout en Italie pour confectionner ces portraits taillés et coulés dans le bronze. Comment ne pas citer dans les collections du Louvre les médailles représentant Jean VIII Paléologue ou encore Cecilia Gonzaga.


Amoureux de la nature, Pisanello croque dans les folios du codex Vallardi la faune et la flore qui l’entourent. Ces croquis lui servent ensuite de modèles pour ses portraits dont le fond est fleuri, pour ses médailles au revers desquelles fleurissent les allégories animalières et florales qui renvoient aux vertus des personnages représentés sur la face et pour ses œuvres de grand format dont malheureusement la plus grande partie a disparu.


Pisanello, Tête et encolure d'un cheval harnaché, le mors pendant, Folio 2358, Louvre


Un animal parmi tous est représenté de façon très régulière par Pisanello dans ses folios : le cheval. Marqués par un souci descriptif, les dessins équestres de Pisanello ne sont pas pour autant totalement réalistes. En effet ceux-ci sont imprégnés par l’héritage chevaleresque dont les cours italiennes septentrionales étaient alors friandes. Les chevaux de Pisanello sont donc à la fois ceux que la nature a conçu et ceux d’un artiste bercé par les bestiaires et les enluminures chevaleresques.







Coupe-File ne peut donc que vous inviter à vous rendre au département des arts graphiques du Louvre, au cabinet des dessins, et à demander alors qu’on vous présente les chefs d’œuvre de Pisanello. Votre regard ne pourra qu’en sortir émerveillé. Si vous n’osez prendre rendez-vous, Wikipédia peut alors être d’un très grand secours puisqu’une page regroupe tous les folios, image par image.



Antoine Lavastre


 

Codex Vallardi sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Codex_Vallardi

Source :

Wikimédia pour les images

- Federica Mancini, Cheval harnaché, de trois quarts vers la gauche, la tête de face avec la bride pendante, site du Louvre --> https://www.louvre.fr/oeuvre-notices/cheval-harnache-de-trois-quarts-vers-la-gauche-la-tete-de-face-avec-la-bride-pendante

- Astrid de Brondeau, Les dessins de Pisanello du Codex Vallardi --> https://lesyeuxdargus.wordpress.com/2013/04/29/dessins-pisanello-codex-vallardi/

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