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Peindre en Bourgogne au XVe siècle : Pierre Spicre (I)


Nous venons de publier dans la revue scientifique Monuments Vaudois un long article consacré au peintre Pierre Spicre, documenté à Dijon et Beaune entre 1470 et 1478. À cette occasion, nous en livrons ici les principaux enjeux. La version complète est à lire dans le Numéro 13 de la revue, paru le 29 août 2023.

Dans le même temps, nous lançons, en association avec le Scribe Accroupi, une web-série consacrée à la Peinture en Bourgogne aux XVe et XVIe siècles. Le premier épisode, consacré à Pierre Spicre et tourné à Beaune, est disponible à la fin de cet article, mais aussi sur notre page dédiée ainsi que sur YouTube.

 

Le château Saint-Maire, siège actuel du Conseil d’État du Canton de Vaud, renferme plusieurs peintures murales datées entre le XVe et le XVIe siècle. Parmi celles-ci se trouve un ensemble attribué au moins depuis le début des années 1930 à Pierre Spicre, peintre dijonnais dont le passage dans les sources est éclair, actif entre 1470 et 1478. D’origine vraisemblablement nordique et peut-être tournaisienne, son nom apparaît pour la première fois dans les archives dijonnaises en 1470, avec une orthographe changeante et capricieuse allant de « Spicker », « Spilgr » ou en- core « Spicr ». Il jouit alors d’une certaine renommée dans le milieu artistique de la cité bourguignonne. Il est, entre autres, désigné juré expert lors de la réception du tombeau de Jean sans Peur et de Marguerite de Bavière, œuvre bien connue de Jean de la Huerta et Antoine le Moiturier conservée au Musée des beaux-arts de Dijon. Son nom est le plus souvent avancé lorsque l’on évoque la Tenture de la Vie de la Vierge de la collégiale de Beaune. En effet, dans un marché daté de 1474, il s’engage à faire « son mestier de peinturerie » et à fournir les patrons des histoires de Notre-Dame, précisément les patrons de la Tenture.


D'après Pierre Spicre ? Tenture de la Vie de la Vierge, vers 1500. Beaune / Détail ©NB


Il n’est pas le seul à porter le nom de Spicre à Dijon dans ces mêmes années. Guillaume Spicre, traditionnellement identifié comme son père, est quant à lui documenté dès 1447 dans les murs de la cité. Il succède en 1454 à Thierry Esperlan de Delft comme verrier en titre du duc de Bourgogne. La municipalité fait également appel à lui de manière récurrente pour la réalisation de décors éphémères. Il est notamment, en association avec Adam du Mont et Jean Changenet, chargé de la préparation des obsèques de Philippe le Bon en 1467. Il meurt en 1477. Pierre ne lui survit qu’un an.


L’attribution, ancienne, des peintures du château Saint- Maire doit aujourd’hui être sérieusement questionnée. Est-elle valable? Il convient pour répondre à cette question de revenir aux sources du dossier complexe des Spicre.


La suite dans la vidéo ⬇️


 

Références bibliographiques


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