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Un nouveau Guy François pour le Musée Crozatier


Après avoir acquis en vente publique il y a quelques mois une Vierge en majesté romane du XIIe siècle, le musée Crozatier du Puy-en-Velay poursuit sa très intéressante politique d’enrichissement des collections avec l'achat, chez Tajan, d’un tableau de Guy François contre la somme de 30 000€ (hors frais).


Guy François, Adoration des Bergers, vers 1630, exposition chez Tajan.

Guy François est sans doute le peintre ponot le plus fameux de l’histoire de l’art. Né dans la capitale du Velay vers 1578, il n’est pas issu d’une famille d’artistes. De sa formation initiale, rien n’est connu bien que l’on suppose un séjour dans l’atelier de Josué Parier, principal artiste de la ville. Sa présence est néanmoins documentée dès 1608 à Rome. Peut-être est-il en Italie dès 1602, date du dernier texte assurant sa présence au Puy ? Il est en tout cas l’un des premiers artistes français, avec Jean Boucher de Bourges à Rome dès 1600, à entreprendre un voyage de formation de l’autre côté des Alpes. Il rejoint l’Académie de Saint-Luc en même temps que Guido Reni avec qui il va partager une signature « Guido ». Ce sont cependant les manières du Caravage et du Vénitien Carlo Saraceni qui marquent le plus l’artiste au point qu’aujourd’hui l’attribution à François ou Saraceni de certains tableaux est encore débattue. En 1613, le peintre est de retour au Puy-en-Velay où il ouvre un vaste atelier. Il y réalise de très nombreuses commandes pour les notables et les ordres religieux du territoire en appliquant des mises en scène marquées par un fort clair-obscur et des visages ovales très caractéristiques.



Si ses œuvres ornent encore de très nombreuses églises de la Haute-Loire, de la Loire et du Puy-de-Dôme, il a cependant fallu attendre 1974 pour qu’une première exposition monographique (au musée Crozatier et musée de Saint-Etienne) permette de sortir l’artiste de l’ombre. Depuis, un de ses tableaux est entré au musée du Louvre et un catalogue raisonné rédigé par Bruno Saunier a été publié.


Le musée Crozatier, qui possède déjà un bel ensemble d’œuvres du maître, vient d’enrichir ses collections avec une typologie dont il était dépourvu, soit un grand tableau d’autel. Représentant l’Adoration des Bergers, cette huile sur toile de 2m68 par 1m85 est citée dans le catalogue de Bruno Saunier au numéro P.89. Malheureusement, aucun historique n’est avancé. Le tableau y est daté d’après 1630 par comparaison stylistique. Un blason, présent en partie haute, à gauche, pourra sans doute permettre par son identification de compléter l’histoire de l’œuvre.


Guy François, Adoration des Bergers, v. 1635-1640, Salers, église Saint-Mathieu.

La composition, présentant au centre la Vierge dévoilant son fils placé dans un berceau dont la paille déborde, n’est pas inédite dans l’œuvre de Guy François puisqu’il en existe de nombreuses reprises. Il est notamment possible de citer une version très proche conservée à Salers, en l’église paroissiale Saint-Mathieu, une autre avec de plus nombreuses variantes en l’église Saint-André de Massiac daté de 1633 ou encore une dans la collection Milgrom. L’œuvre présentée par Tajan est sans doute l’une des plus intéressantes de la série avec de nombreux personnages actifs autour de la Vierge dont notamment un joueur de flûte dans la partie gauche. Les personnages sont surmontés de trois anges tenant un phylactère où il est inscrit « Gloria in excelsis deo », hymne de louange chanté par les anges lors de l’Annonce aux bergers (Evangile selon saint Luc II.13-14).



Si l’état matériel de l’œuvre est globalement satisfaisant, de très nombreux repeints, notamment au niveau des visages, sont à noter. Ceux-ci ruinent malheureusement certaines parties de la toile par leur piètre qualité d’exécution -pensons ainsi notamment au berger agenouillé à droite-. Ainsi avant de pouvoir présenter l’œuvre au public, un travail de restauration devra sans doute être réalisé.


Cela mis à part, cet achat ne peut être l’objet que de félicitations tant cette œuvre ne pouvait trouver meilleure destination que le musée Crozatier. Maintenant, il faut espérer que cette acquisition donnera l’occasion aux équipes du musée de mettre en projet une nouvelle exposition monographique -tant attendue- dédiée au « Caravagesque du Puy-en-Velay ».


 

Bibliographie :


Bruno Saunier, Guy François. Peintre caravagesque du Puy-en-Velay, Arthéna, Paris, 2018.


Guy François (exp. Le-Puy-en-Velay, musée Crozatier, 22 juin - 1er septembre, Saint-Etienne, musée d'art et d'Industrie, 20 septembre - 31 octobre 1974), cat. exp. sous la dir. de Marie-Félicie Pérez, Saint-Etienne, 1974.





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