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Fascination arthurienne : la Table Ronde de Winchester


" Ja verroiz la Table Ronde Qui tournoie comme le monde." Roman de Brut, Normand Wace (1155)

La ville de Winchester, capitale du Hampshire, conserve l’une des plus importantes reliques du culte rendu au roi Arthur et aux chevaliers de la table Ronde. À deux pas de la cathédrale dont les travaux débutèrent en 1079 sous l’impulsion de Guillaume le Conquérant, le Great Hall renferme une table circulaire aux dimensions impressionnantes.


Table Ronde dite de Winchester, deuxième moitié du XIIIe siècle. Great Hall, Winchester / ©VisitWinchester

En 1290, Edward Ier, roi d’Angleterre de 1272 à 1307, organise un tournoi à Winchester en l'honneur de ses enfants fraîchement fiancés. Il est alors de coutume que ces célébrations soient suivies d’un fastueux banquet. Celui-ci aura lieu dans la grande salle (Great Hall) du château, reconstruite sur ordre d'Henry III entre 1222 et 1235. Amateur des légendes arthuriennes, Edward Ier a l’idée d’imposer aux jeunes hommes engagés dans le tournoi de prendre le nom des compagnons d’Arthur et de se vêtir en conséquence. S’impose alors l’obligation de s’assoir à une table ronde.



5,5 mètres de diamètre pour près de 1200 kilogrammes, telles sont les dimensions de la table utilisée, peut-être commandée pour l’occasion par le souverain. Constituée de 52 planches en bois de chêne et originellement soutenue par une dizaine de pieds, elle est aujourd’hui suspendue à un mur du Great Hall. Des analyses menées par l’archéologue Martin Biddle dans les années 1970 ont permis de confirmer la datation dans la deuxième moitié du XIIIe siècle, dévoilant par la même occasion un travail de menuiserie de haute qualité.


La table n’était à l’origine pas peinte et ne présentait pas les noms des chevaliers. En effet, la polychromie telle que nous la voyons aujourd’hui fut appliquée près de 300 ans plus tard, sur ordre de Henry VIII. Ayant à cœur de se poser en descendant de l’auguste roi Arthur, il prête ses traits au légendaire souverain, dans une optique de légitimation et de pérennisation de la dynastie des Tudors. Au centre de l’imposant plateau, la Rose Tudor, créée par Henri VII après sa victoire sur Richard III en 1485 et son mariage avec Elisabeth d’York l’année suivante apparaît, fruit de la combinaison de la rose rouge de Lancaster et de la rose blanche d’York et témoin de la fin de la Guerre civile des Deux-Roses.


Fig. 1 : Hans Holbein le Jeune, Portrait de Henry VIII. 1540 - Rome, Galleria Nazionale d'Arte Antica.

Fig. 2 : Anonyme, Portrait de Henry VII. 1505 - Londres, National Gallery Portrait.


Parfait exemple de la fascination générale pour la légende arthurienne depuis des siècles, la table de Winchester est en tout point exceptionnelle et fait office d’unicum.


D’abord source de légitimité et moyen de propagande pour nombre de souverains anglais à l’image de Henry VIII, le roi Arthur constitue aujourd’hui encore un puissant argument marketing. Pas une année ne passe sans qu’une énième adaptation cinématographique ou littéraire des aventures du souverain et de ses compagnons ne paraisse.


Fig. 1 : Vestiges du Château de Tintagel, Cornouailles

Fig. 2 : Vestiges de l'Abbaye de Glastonbury, Somerset


À l’image de cette table conservée au château de Winchester, pour lequel elle fut sans doute dès l’origine créée, les sites historiques recelant une part de la légende arthurienne attirent les foules. Cela, l’English Heritage l’a bien compris. Du mythique château de Tintagel en Cornouailles à l’abbaye de Glastonbury située dans le Somerset, la légende arthurienne est encore profondément ancrée dans la culture populaire.


Évrard d'Espinques, miniature tirée d'un manuscrit de Lancelot en prose, vers 1470, BNF.
 

The Great Hall

Adresse: Castle Avenue, Winchester SO23 8UJ

➡️https://www.visitwinchester.co.uk/listing/the-great-hall/

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