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The Rossettis à la Tate Britain : l’épopée d’une fratrie d’artistes entre mots, couleurs et amours

L'article du mois : nous publions de manière mensuelle l'article d'un rédacteur invité.


Par Juliette Gicquel-Molard


Exposition-événement consacrée à la fratrie des Rossetti, The Rossettis s'impose par l'ampleur de son propos : le mouvement préraphaélite n’est ici que l’arrière-plan d’un récit de vies d’artistes tout à la fois poètes, écrivains et peintres. Déroulant son fil et ses ambitions, les quelques lignes qui suivent tenteront de donner un aperçu critique de la très belle exposition qui se partage entre la Tate Britain et le Delaware Art Museum sous le commissariat britannique de Carol Jacobi, James Finch et des équipes du musée américain.


Lewis Carrol, The Rossetti family (de gauche à droite : Christina, Dante Gabriel, Frances Mary Lavinia Rossetti (née Polidori, mère de la fratrie Rossetti), William Michael et Maria), 7 octobre 1863, tirage photographique sur papier albuminé, 15 x 17.7 cm, National Portrait Gallery © National Portrait Gallery

Par son titre, le propos de l’exposition aurait pu sembler se limiter à un travail de mise en lumière des quatre enfants de la famille Rossetti : l'attention se concentrant le plus souvent sur l'aîné des garçons, Dante Gabriel, on oublie les figures majeures qu'ont représentées Maria, William Michael, et surtout Christina. Si la première fut avant tout une traductrice de l'oeuvre de Dante Alighieri, William Michael fut le premier historiographe du mouvement préraphaélite et Christina une poétesse reconnue, plus célèbre en son temps que son frère peintre. Cet oubli ne concerne bien entendu que la France, la Grande Bretagne chérissant encore ces figures dans ses collections muséales comme dans ses programmes scolaires. Célibataire, indépendante et autrice d’écrits parfois audacieux (The Goblin Market, Sappho…), Christina est notamment mise en valeur aujourd’hui par certaines mouvances féministes [1]. Pourtant, au travers de ses neuf sections [2], l’exposition se propose également de considérer des figures périphériques à la fratrie, figures ayant été touchées par le rayonnement culturel de cette famille italo-britannique au multiples talents artistiques. Sont ainsi évoqués de nombreux modèles de Dante Gabriel tels que Elizabeth Siddal, artiste qui fut sa compagne et modèle, Alexa Wilding, Fanny Eaton, Fanny Cornforth et Jane Morris, mais aussi des personnalités reliées à William Michael, telle que Lucy Madox-Brown – fille du peintre Ford Madox-Brown qui deviendra son épouse – ou encore des artistes en relation avec la confrérie préraphaélite comme James Collinson, Anna Mary Howitt, Barbara Leigh Smith Bodichon ou William Morris. Or, bien que la famille Rossetti soit soudée et que les réseaux de relations y soient souvent partagés, presque toutes ces personnalités se rattachent à Dante Gabriel.


Une rétrospective sur Dante Gabriel ?
Dante Gabriel Rossetti, The Beloved, 1865-1866, huile sur toile, 82.5 x 76.2 cm, Tate Britain 
© Juliette Gicquel-Molard

Si les deux premières salles pouvaient suggérer une attention égale à tous les membres de la famille, le propos se concentre en effet dès la troisième sur la figure de Dante Gabriel à travers différentes thématiques, telles que sa relation artistique et amoureuse avec Elizabeth Siddal permettant de consacrer une salle aux œuvres de celle-ci [3] – aux évolutions de son travail au fil du temps ou encore à l’expression artistique de sa relation avec Jane Morris. Ces présentations ouvrent de nombreuses portes sur des sujets par ailleurs développés parfois dans le catalogue de l’exposition : le rapport de Dante Gabriel à la figuration des classes populaires et des populations d’origine extra-européenne (à travers l’étude de cas de The Beloved) [4], sa manière d’intégrer la modernité à des figurations hors du temps [5], ou encore son rapport à la photographie [6]. Toutefois cette impression visuelle d’une priorisation de Dante Gabriel doit être nuancée par la lecture du livret d’accompagnement de visite (gratuit) qui veille en toutes sections à évoquer la situation de certains proches, telles que les publications à succès de Christina, le mariage de William Michael, ou la rencontre fondamentale entre Dante Gabriel et les deux compères William Morris et Edward Burne-Jones lors du décor de la bibliothèque de l’Oxford University Union en 1857-1859. Si ce complément permet d’équilibrer la primauté visuelle accordée à Dante Gabriel, il est essentiel de reconnaître que le site internet même de la Tate Britain prévient le visiteur en rappelant qu’il s’agit de la première rétrospective consacrée à l’artiste dans cette institution, et de la plus complète présentation de ses œuvres iconiques depuis près de vingt ans [7].


Dante Gabriel Rossetti, Ecce Ancilla Domini! (The Annunciation), 1849-1850, huile sur toile, Tate Britain
L'amour des mots

La première partie de l’exposition (les trois premières salles) éclairait pourtant des points intéressants plus rarement évoqués au cours des dernières expositions consacrées au mouvement, afin de souligner par exemple le fait que les quatre membres de la fratrie Rossetti s’exprimèrent tous en premier lieu à travers la littérature, au sein d’un terreau familial à la fois riche et encourageant. Ainsi que le rappelle Elizabeth Prettejohn dans le catalogue [8], les quatre enfants avaient, dès leur plus jeune âge, une place dans la rédaction du journal familial The Hodge-Podge, que cela soit par des vers ou des dessins d’illustration. Présenter cette collaboration familiale éclaire la racine d’une caractéristique essentielle de la future confrérie préraphaélite où les membres travailleront en commun, posant par exemple les uns pour les autres : la volonté de réaliser des portraits personnifiés, notamment dans les sujets religieux ou littéraires sera en effet une caractéristique essentielle des préceptes préraphaélites. Ainsi, si l’exposition débute avec le célèbre Ecce Ancilla Domini! de Dante Gabriel, c’est pour présenter trois figures de la fratrie en une image : Christina et William Michael qui ont respectivement posé pour la Vierge Marie et l’ange Gabriel, et Dante Gabriel, le peintre. De la même manière, Christina et ce dernier ont parfois travaillé en collaboration, Dante Gabriel illustrant par exemple la première édition du recueil Verses en 1847 [9], ou sous la forme de questions-réponses poétiques en reprenant ou prolongeant un thème traité par l’autre, le poème Song (1848) de Christina répondant par exemple à The Blessed Damozel de Dante Gabriel, écrit quelques mois plus tôt. On apprécie la présence de douches sonores diffusant dans les deux premières salles des extraits d’œuvres poétiques de Christina : celles-ci rendent déjà perceptibles l’attention commune accordée tout à la fois au sens et à la sonorité des vers, dans une démarche presque synesthésique sur laquelle nous reviendrons par la suite.


Dante Gabriel Rossetti, Homeward Bound, 1844, encre sur papier, 18.7 x 15 cm, National Trust Collections © Rossetti Archive

En dépit de l’ouverture du propos sur un Dante Gabriel peintre, ses écrits poétiques trouvent une place de choix aux côtés de ses premiers dessins – composés notamment d’illustrations –, l’exposition montrant pertinemment la façon dont l’adolescent absorbe un répertoire littéraire très varié. S’y mêlent en effet la découverte des illustrations de Paul Gavarni (suite à un voyage de convalescence à Boulogne-sur-mer alors qu’il était âgé de quinze ans) et des écrits de Johann Wolfgang von Goethe, William Blake et Edgar Allan Poe, tout en approfondissant la connaissance des écrivains de la première renaissance italienne – Dante Alighieri en premier lieu – dans une démarche où la modernité infuse un travail d’après les maîtres (comme en rend compte le titre de cette section : « Modern Raphael »).


Dante Gabriel Rossetti, Woman on a Bed and Figure of Death (Faust), 1846, encre sur papier, 24 x 23.5 cm, National Trust Collections, Wightwick Manor © National Trust Collections

…et du noir et blanc

Quoique classique, le jeu de coloration des cimaises permet une appréhension efficace du propos : les teintes claires beige et bleue de cette première section illustrent sans le dire un point d’importance. Qu’il s’agisse de Dante Gabriel, de Christina ou des préraphaélites plus généralement, il est en effet convenu de les associer à un goût de la couleur vive et soutenue (jugée par certains critiques presque irréaliste dans le cas d’un William Holman Hunt par exemple) : or cette première section entend révéler le fait que le premier travail de ces artistes s’est accompli avant tout par l’écriture et le dessin, ici arts du noir et blanc. La troisième salle, intitulée « Pre-Raphaelite Revolutionaries » et dédiée à la création de la confrérie, illustre ainsi avec plus de force le véritable changement qui s’opère dans le travail de ses membres, tous âgés d’une vingtaine d’années lors de leur première exposition en 1849 : ses murs rouge brique contrastent en effet avec les salles claires précédentes pour accompagner les premières œuvres peintes de l’exposition [10].


Vue de la section 1 « Poem » © Juliette Gicquel-Molard

Vue de la section 2 « Modern Raphael » © Juliette Gicquel-Molard

Vue de la section 3 « Pre-Raphaelite Revolutionaries » avec The Girlhood of Mary Virgin de Dante Gabriel Rossetti (huile sur toile, 83,2 x 65,4 cm, 1849, Londres, Tate Britain) ©Juliette Gicquel-Molard


Engagés, libres et marginaux

C’est à partir de cette section que prend véritablement sens l’idée de réseau que sous-entend le titre au « s » accolé : les quatre enfants Rossetti diffusent en effet leurs ambitions aussi bien artistiques que sociales au travers de leur art, celles-ci trouvant une possible origine dans la double identité italo-britannique et le passé révolutionnaire de leurs parents selon les commissaires. Ainsi, le groupe d’amis qui constitue bientôt la confrérie préraphaélite se rencontre sur les bancs des cours de Joshua Reynolds à la Royal Academy [11], période dont témoignent les savoureuses caricatures de Dante Gabriel figurant le dit « Slosh » (Joshua Reynolds) et plus tard John Ruskin. Si Dante Gabriel et William Michael se font rapidement les meneurs du groupe en revendiquant peu à peu une émancipation vis-à-vis des préceptes académiques esthétiques comme techniques, Maria et Christina s’investissent quant à elle dans l’église anglicane au sein du mouvement High Church [12] avec une ambition d’aide sociale au service des plus démunis. Ce dernier point explique sans doute l’intérêt porté par Christina et Dante Gabriel pour la figure de la prostituée, image récurrente dans leurs œuvres (Found, Jenny, Goblin Market…). Notons ici que l’évocation de cette préoccupation sociale comme des situations civiles de certains membres de la famille permet aux commissaires d’avancer leur caractère marginal au milieu de la société victorienne : Dante Gabriel et Elizabeth Siddal vivent en concubinage durant huit ans avant leur mariage, William Michael demeure célibataire jusqu’à son mariage à plus de quarante ans, tandis que Maria [13] et Christina font le choix du célibat.


Dante Gabriel Rossetti, Caricature of John Everett Millais, 1851-1853, plume, encre et lavis sur papier, 17.9 x 11.1 cm, Birmingham City Museum and Art Gallery, © Juliette Gicquel-Molard

Dante Gabriel Rossetti, Caricature of John Ruskin, vers 1860, encre sur papier, 11.5 x 5.7 cm, Mark Samuels Lasner Collection, Special Collection, University of Delaware Library, © Juliette Gicquel-Molard


Nous ne reviendrons pas ici sur les œuvres présentées pour illustrer la naissance du mouvement préraphaélite car là n’est pas le propos mais on appréciera la présentation bien commentée du Rienzi Vowing to Obtain Justice for the Death of his Young Brother, Slain in Skirmish between the Colonna and Orsini Factions de William Holman Hunt et plus encore d’un dessin de James Collinson, The Child Jesus [14] : un dernier choix utile qui permet d’illustrer le travail d’artistes de la confrérie moins souvent représentés et dont l’esthétique personnelle témoigne de la liberté qui demeurait au sein du groupe malgré ses préceptes.



William Holman Hunt, Rienzi Vowing to Obtain Justice for the Death of his Young Brother, Slain in Skirmish between the Colonna and Orsini Factions, 1848-1849, retouché en 1886, huile sur toile, 86.4 x 121.9 cm, The Ramsbury Manor Foundation

James Collinson, The Child Jesus, 1850, gravure sur papier, 12 x 18.5 cm, Tate © Tate
Le récit d’une collaboration entre art et amour
Dante Gabriel Rossetti, D. G. Rossetti Sitting to Elizabeth Siddal, 1853, encre sur papier, 12.9 x 17.5 cm, Birmingham City Museum and Art Gallery, © Rossetti Archive

Se voulant chrono-thématique, l’exposition illustre ensuite la forme de repli opéré par Dante Gabriel vis-à-vis du groupe dès 1852, peu après le début de sa relation avec Elizabeth Siddal, en se concentrant sur leur relation qui durera jusqu’à la mort de la jeune femme en 1862. Amants et artistes, il est maintenant convenu de relever le fait que cette mystérieuse rousse a été réduite au statut de muse et de modèle par l’historiographie du XXe siècle, enfermée dans une légende toutefois mieux connue du public britannique que français [15].


Elizabeth Siddal, Lady Clare, 1854-1857, aquarelle sur papier, 33.8 x 25.5 cm, Collection particulière

Si cette section entend montrer leur collaboration artistique, elle est également l’occasion de révéler le plus grand nombre d’œuvres de l’artiste depuis une trentaine d’années [16] et veut, par-là, mettre en lumière la dette artistique que Dante Gabriel lui doit. Si celui-ci fut bien le professeur informel de la jeune modiste devenue modèle, elle développa néanmoins rapidement un style tout personnel qui ne se justifie pas par sa seule naïveté plastique : on y reconnait ainsi les thèmes et la technique d’aquarelle du peintre (légèrement duveteuse à la manière d’un pastel), mais le traitement des sujets laisse transparaitre une approche plus violente où les gestes des figures semblent presque expressionnistes dans leur synthétisme et leur hiératisme.







Elizabeth Siddal, Lady Clare, 1854-1857, aquarelle sur papier, 33.8 x 25.5 cm, Collection particulière © National Trust Collections

La confrontation proposée par les commissaires entre leurs œuvres respectives produit un effet efficace où l’objectif visé ne semble pas seulement être une revalorisation du travail de l’artiste en tant que femme, mais plutôt une constatation factuelle d’un travail à la fois collaboratif – l’un comme modèle de l’autre, l’un puisant son inspiration dans le travail de l’autre – et indépendant, chacun conservant en effet son style propre. Parallèlement aux écrits de proches qui confirment cette collaboration – ils exposèrent d’ailleurs ensemble en 1857 – on notera la présentation pertinente et inédite de trois planches issues de l’un des quatre albums de photographies réalisées par Dante Gabriel à partir des dessins de Elizabeth Siddal : il les confectionne pour garder trace de ces derniers et y puiser des modèles, longtemps encore après le décès de la jeune femme.


(À gauche) D’après Elizabeth Siddal, Three studies for « Sister Helen », vers 1866, reproductions photographiques, 57 x 45.5 cm, The Ashmolean Museum, University of Oxford, © Juliette Gicquel-Molard
(À droite) D’après Elizabeth Siddal, Studies of angels and kneeling women, with study for « The Blessed Damozel », vers 1866, reproductions photographiques, 57 x 45.5 cm, The Ashmolean Museum, University of Oxford © Juliette Gicquel-Molard

D’après Elizabeth Siddal, Three studies for « Sister Helen », vers 1866, reproductions photographiques, 57 x 45.5 cm, The Ashmolean Museum, University of Oxford, © Juliette Gicquel-Molard


« In their twenties, Gabriel’s and Elizabeth’s watercolours set modern dilemmas in imagined medieval fantasy spaces [17]. »

Carol Jacobi


Évoquer ces deux figures permet aux commissaires d’illustrer la place essentielle de l’art dans leur vie matérielle même, selon une dynamique reprise peu après par William Morris à la Red House et dans les Arts and Craft, puis par l’Aesthetic Movement. Se déploie ainsi sur les parois de la cinquième salle une reconstitution du papier peint inachevé qu’a conçu Dante Gabriel pour leur salon peu après leur mariage, ici proposé d’après les notes et dessins de l’artiste par la designer Ilyanna Kerr. Si Dante Gabriel travaille en collaboration avec une fabrique de meubles comme la Morris Marshall Faulkner and Co., l’exposition entend montrer combien il reprend à Elizabeth son univers visuel pour ses réalisations mobilières. Tous deux font ainsi de l’union des arts une assise de leur intérieur mobilier, que cela soit par la représentation de l’écoute de la musique comme un symbole de l’union du couple, ou le goût pour la simplicité du bois brut travaillé par l’artisan dans des formes simples, parfois seulement complétées de scènes peintes. Par cette salle présentant quelques exemples de mobilier, l’exposition élargit la large gamme des médiums et techniques abordées, malgré l’omission de la fresque et du vitrail.



Ford Madox Brown, Edward Burne-Jones, William Morris, Valentine Cameron Prinsep, Dante Gabriel Rossetti, John Pollard Seddon, King René’s Honeymoon Cabinet, 1861, chêne incrusté de divers bois, ferronnerie peinte et panneaux peints, Victoria and Albert Museum © Juliette Gicquel-Molard

Vers la volupté des sens : où se lient poèmes, sensations et couleurs

Le bleu sombre du papier peint reconstitué initie le changement d’atmosphère qui s’opère dans la suite de l’exposition : la mort d’Elizabeth suite à une overdose de laudanum en 1862 laisse en effet Dante Gabriel dans un état psychologique difficile où la délicatesse de ses récits amoureux a laissé la place à un goût pour la figuration peu à peu obsessionnelle d’une beauté féminine voluptueuse, sensuelle et colorée. Ainsi s’explique peut-être la teinte des cimaises d’un violet sombre décadent qui accompagne les toiles les plus célèbres de l’artiste : comme une galerie de beautés, ces femmes sont placées côte à côte, dans une chorégraphie visuelle où se répondent les lignes sinueuses de leurs chevelures et de leurs corps au milieu des pierres, des soieries et des instruments de musique. Ce rassemblement d’œuvres – permis par d’importants prêts associant collections privées, fond permanent de la Tate et musées britanniques comme américains – illustre avec pertinence sa nouvelle conception artistique émergeant au cours des années 1860 : forme et sujet sont traités à égale importance afin de suggérer une émotion synesthésique. Plus simplement, les dominantes colorées d’une toile doivent produire un plaisir esthétique qui se trouve complété tout à la fois par la beauté idéalisée de la figure féminine comme par la nature de ses gestes (jeu d’un instrument à cordes, mains brossant ou nouant la chevelure, jeu des doigts dans un bijou ou une draperie…) et des objets qui l’entourent. Cette « tactilité » visuelle est parfois complétée par un texte et il apparait ici un grand apport de l’exposition : celle-ci rassemble en effet plusieurs « double-works » ou « œuvres-doubles », une démarche que Dante Gabriel pratique depuis 1849 où l’œuvre peinte se trouve précédée ou suivie d’un texte poétique qui la complète. L’artiste les associe ensuite visuellement en inscrivant certaines strophes sur le cadre même qu’il conçoit [18].


Dante Gabriel Rossetti, Lady Lilith, 1866-1868, huile sur toile, 96.5 x 85.1 cm, Delaware Art Museum © Delaware Art Museum

(Détail) Dante Gabriel Rossetti, poème gravé au bas du cadre de Lady Lilith, 1866-1868, huile sur toile, 96.5 x 85.1 cm, Delaware Art Museum © Juliette Gicquel-Molard

Dante Gabriel Rossetti, Veronica Veronese, 1872, huile sur toile, 109.2 x 88.9 cm, Delaware Art Museum © Juliette Gicquel-Molard

(Détail) Dante Gabriel Rossetti, poème gravé au bas du cadre de Veronica Veronese, 1872, huile sur toile, 109.2 x 88.9 cm, Delaware Art Museum © Juliette Gicquel-Molard
La voie du succès

Au-delà de ce rassemblement, l’exposition permet la réunion inédite de plusieurs oeuvres commandées par le riche armateur et collectionneur Frederick Leyland pour sa maison de Prince’s Gate, notamment les trois toiles composant le triptyque que Dante Gabriel réalise entre 1874 et 1881 : Proserpine, The Blessed Damozel et Mnémosyne, connues le plus souvent séparément par la reproduction. Cette présentation, alliée à une rare photographie de l’intérieur du commanditaire, permet de mieux mesurer la monumentalité du rendu esthétique et, par là même, de l’évolution du travail de l’artiste. Les années 1860-1870 sont une période de prospérité pour Christina comme Dante Gabriel, la première étant publiée avec succès et le secondant se voyant acquérir une clientèle appréciant par ailleurs le nouvel Aesthetic Movement. On ne sera ainsi pas surpris d’apprendre que Frederick Leyland fut également l’un des principaux commanditaires de James Abbott McNeill Whistler, ce dernier étant par ailleurs un voisin et ami de Dante Gabriel [19]. On pourra seulement regretter l’absence de la première version de la toile The Blessed Damozel, conservée au Fogg Art Museum de la Harvard University (USA), qui fut quant à elle commandée comme pièce autonome par l’homme politique écossais William Graham en 1871 et qui présente des différences importantes illustrant la soumission de l’artiste aux volontés des commanditaires malgré sa réputation d’insoumis.


Dante Gabriel Rossetti, triptyque pour Frederick Leyland (de gauche à droite) :
Mnémosyne, 1881, huile sur toile, 126,37 × 60,96 cm, Delaware Art Museum
The Blessed Damozel, 1875-1879, huile sur toile, 221.5 cm x 139 cm, Liverpool, Lady Lever Art Gallery
Proserpine, 1874, huile sur toile, 125.1 cm x 61 cm, Tate Britain
© Juliette Gicquel-Molard

Dante Gabriel Rossetti, The Blessed Damozel, 1875-1879, huile sur toile, 221.5 cm x 139 cm, Liverpool, Lady Lever Art Gallery © Juliette Gicquel-Molard

Dante Gabriel Rossetti, The Blessed Damozel, 1871-1878, huile sur toile, 212.1 x 133 cm, Fogg Art Museum, Harvard University (USA) © Harvard Art Museums


Un médiévalisme hors du temps ?

Par cette section, l’exposition entend contredire l’idée courante selon laquelle l’artiste se contenterait d’idéaliser seulement ses modèles pour en faire des objets de fantasme hors du temps dans un rejet de la réalité ambiante caractérisée par l’industrialisation et la pauvreté. Si l’idéalisation est bien effective et assumée, elle passe en réalité par un choix de modèles issus des classes les moins aisées, en s’adressant à des femmes de la classe ouvrière à l’image de Alexa Wilding qui était parallèlement modiste et désirait être actrice. Dante Gabriel recherchait un type de beauté féminine éprouvé par le réel, à l’identité affirmée – les modèles de ses portraits sont presque toujours identifiables – rencontrant le plus souvent ses modèles au hasard d’une rue, et les dessinant ensuite abondamment en tirant son inspiration formelle des portraits vénitiens du XVIe siècle (Titien, Véronèse). On ne saurait bien entendu y voir une ambition sociale, cependant ce point mérite d’être souligné pour éclairer ces célèbres portraits parfois considérés pour leur seul caractère d’idéalisation fantasmée.


Vue de la section 7 « Poetic Portraits », © Juliette Gicquel-Molard
L’amour d’un visage

« For a Pia, Pandora, Mariana, Proserpine, Venus Astarte, or Mnemosyne, there was hardly such another head to be found in England [20] »

William Michael Rossetti

Intitulée « Obsession », la dernière section se concentre à nouveau sur une relation amoureuse de Dante Gabriel, suite à sa rencontre avec Jane Morris, née Burden. Si la figure de William Morris, son époux, est rapidement évoquée visuellement à l’aide d’une cimaise recouverte d’un papier peint de la Morris and Co., le propos entend montrer comment Jane Morris est devenue le modèle obsessionnel de Dante Gabriel jusqu’à la mort de ce dernier en 1882, apparaissant au sein de multiples toiles, telles que la série des huit Proserpine dont l’exposition rassemble trois exemplaires. Ce travail pictural prenant appui sur la photographie, et bien que cette série photographique soit à présent assez célèbre, la présentation des séances de poses de Jane Morris devant l’objectif de John Robert Parsons révèle très pertinemment la façon dont celle-ci sait se mettre en scène devant l’objectif, vêtue d’une robe sans corset – différente de ses tenues quotidiennes et selon un modèle qui devient alors caractéristique de l’Aesthetic Movement – afin de reproduire les poses sinueuses et les regards sombres que Dante Gabriel recherche. Il ne s’agit pas de capter un instant du réel mais bien de composer un tableau photographique où la modèle semble être tout aussi créatrice que son photographe, la jeune femme étant tout à fait consciente du processus ultérieur de recomposition et d’idéalisation. Encore une fois, le visiteur est invité à reconsidérer ces portraits à l’aune d’une modernité technique qui s’inscrit dans le réel, bien que son esthétique revendique un médiévalisme fantasmé.


John Robert Parsons, Thirteen Photographs of Jane Morris Posing in the Garden of Rossetti’s House, 1865, tirages sur papier albuminé à partir de négatifs sur verre au collodion humide, 21.8 x 15.7 cm, Collection particulière © Juliette Gicquel-Molard

John Robert Parsons, Jane Morris posed by Rossetti, 1865, tirage sur papier albuminé à partir d’un négatif sur verre au collodion humide, 21.8 x 15.7 cm, Victoria and Albert Museum © Victoria and Albert Museum

John Robert Parsons, Jane Morris posed by Rossetti, 1865, tirage sur papier albuminé à partir d’un négatif sur verre au collodion humide, 21.8 x 15.7 cm, Victoria and Albert Museum © Victoria and Albert Museum


Si le rapport de Dante Gabriel Rossetti aux femmes est devenu un point récurrent des écrits et expositions sur l’artiste – notamment au sujet du regard patriarcal qui transparaitrait dans les portraits féminins des années 1860-1870 – l’exposition et le catalogue se veulent moins caricaturaux en soulignant le soutien qu’il a toujours apporté à la carrière professionnelle de Christina [21], et en interrogeant les typologies de représentation féminines actives dans ces portraits [22]. Il ne s’agit pas de faire de Dante Gabriel un défenseur de la cause des femmes – démarche qui serait inutile et injustifiée d’autant que l’artiste répond de plus au goût d’une clientèle – mais seulement de remettre en question plus subtilement les habituelles critiques adressées à la sensualité de ces portraits.


Les Rossetti : héritages et fantasmes

Méritant une étude dédiée, la dernière salle interroge quant à sa pertinence devant la largeur du propos : s’intitulant « Radical Legacies », elle entend relever quelques exemples de l’immense rayonnement qu’ont pu avoir les Rossetti sur des artistes engagés des XXe et XXIe siècles. L’illustration de cette influence se veut tout d’abord politique et familiale comme en témoigne la rare présentation du périodique anarchiste intitulé The Torch, créé en 1891 par les filles de William Michael Rossetti et Lucy Madox Brown, Olivia et Helen. Si l’exemple de la démarche du photographe Sunil Gupta qui se revendique comme un « nouveau préraphaélite » peine peut-être à ouvrir véritablement le propos, on notera la pertinence de la présentation du film que le réalisateur Ken Russell dédia à Dante Gabriel en 1967 pour la BBC sous le titre Dante’s Inferno: The Private Life of Dante Gabriel Rossetti, Poet and Painter, et celle d’une planche de la bande dessinée The Beguiling de l’illustrateur Barry Windsor-Smith, datée de 1949 et réédité en 1983. Ces exemples témoignent du regain d’intérêt accordé plus largement à l’univers du mouvement préraphaélite à partir des années 1960-1970.



Ken Russel, Dante’s Inferno: The Private Life of Dante Gabriel Rossetti, Poet and Painter, photogrammes à partir du film, 1967


Barry Windsor-Smith, The Beguiling, dans Epic Illustrated, n° 16, février 1982 © Barry Windsor-Smith Storyteller

Cette dernière salle semble donc être à l’image de l’ensemble de l’exposition, ouvrant nombre de sujets qui demanderaient un traitement spécifique. Cependant, certains de ces thèmes ont déjà été traités par le passé lors d’expositions dédiées qu’il convient de citer, à l’image du rapport des préraphaélites à la photographie dans l’exposition The Pre-Raphaelite Lens, British Photography and Painting, 1848-1875 co-produite par la National Gallery of Art de Washington et le Musée d’Orsay en 2010-2011, au dessin dans Pre-Raphaelites Drawings and Watercolor à l’Ashmolean Museum d’Oxford en 2022 [23], le lien avec les maîtres anciens dans Truth and Beauty, The Pre Raphaelites and the Old Masters au Fine Arts Museum de San Francisco en 2018, ou sur les différentes femmes artistes présentes dans la confrérie lors de l’exposition Pre-Raphaelite Sisters à la National Portrait Gallery en 2020. En dépit de sa vaste ambition, The Rossettis éclaire avec pertinence certaines toiles parfois bien connues et trop rapidement considérées, tout en présentant des œuvres, notamment graphiques, moins systématiquement exposées.


De plus, si sa construction lui donne davantage l’apparence d’une rétrospective dédiée à Dante Gabriel plutôt que d’une exposition sur « les Rossetti », elle dévoile le vaste réseau d’amitiés et de relations qui s’est tissé autour de la figure de l’artiste et de sa fratrie [24]. Le titre « Rossettis » devient dès lors un qualificatif d’appartenance, une manière de qualifier ceux qui ont été touchés par le rayonnement de cette famille d’artistes. Une famille qui, ainsi que le rappelle Elizabeth Prettejohn dans le catalogue, a déjà la particularité de montrer quatre enfants arrivés à maturité et disposant d’un succès public dans chacun de leurs domaines respectifs, en un temps où sévit une très forte mortalité infantile [25].



 

Notes

[1] D’autre part, son œuvre apparait parfois dans des cadres insoupçonnés : la série Peaky Blinders montre par exemple à plusieurs reprises Thomas Shelby et ses frères récitant le début de l’un de ses poèmes, In the Bleak Midwinter (1872).

[2] On trouvera à la fin de l’article un détail des titres des neuf salles ainsi qu’un lien vers le site internet de la Tate Britain qui donne accès au livret d’accompagnement de visite.

[3] Dès la présentation en ligne de l’exposition, la Tate Britain précise qu’il s’agit de la présentation la plus complète de son travail depuis une trentaine d’années, incluant les rares aquarelles encore conservées de sa main et de nombreux dessins. « The Rossettis, A major exhibition devoted to the radical Rossetti generation », Tate Britain. https://www.tate.org.uk/whats-on/tate-britain/the-rossettis[Consulté le 6 septembre 2022]

[4] Chiedza Mhondroro, « Sensisitivity and Possibility: Reading Dante Gabriel Rossetti’s "The Beloved" Through Fiction », The Rossettis,cat. expo. Tate Modern, 2023, p. 162-176.

[5] Margaretta Frederick, « Troubling Women: Dante Gabriel Rossetti’s Portrayals of Modern Beauty », The Rossettis, cat. expo. Tate Modern, 2023, p. 176-202.

[6] Wendy Parkins, « The works are there to tell their own tale’ : Jane Morris in the Art of Dante Gabriel Rossetti », The Rossettis, cat. expo. Tate Modern, 2023, p. 202-226.

[7] « The Rossettis, A major exhibition devoted to the radical Rossetti generation », Tate Britain. https://www.tate.org.uk/whats-on/tate-britain/the-rossettis[Consulté le 6 septembre 2022]

[8] Elizabeth Prettejohn, « Revolutionaries : The Rossettis and the Pre-Raphaelite Brotherhood », The Rossettis, cat. expo. Tate Modern, 2023, p. 75.

[9] Il s’agit de la première publication des poèmes de Christina, alors âgée de dix-sept ans.

[10] Dante Gabriel réalise sa première huile sur toile en 1847 tandis que l’on conserve un nombre très important de dessins au graphite ou à l’encre datés dès le début des années 1840, alors qu’il est donc encore adolescent.

[11] La première génération préraphaélite se forme à la fin de l’automne 1848 et se compose initialement de sept artistes : William Holman Hunt, John-Everett Millais, et Dante Gabriel Rossetti, le trio amical fondateur, accompagnés du sculpteur Thomas Woolner, des peintres James Collinson et Frederic-George Stephens et de William Michael Rossetti qui se fait secrétaire et théoricien du groupe. Professeur informel auprès de plusieurs des membres du groupe, Ford Madox Brown est plus âgé que ceux-ci et ne s’est jamais associé au groupe en dépit de son influence sur lui et des salons qu’il donnait chez lui pour le recevoir.

[12] Né en 1833, ce mouvement, aussi appelé Mouvement d’Oxford, est une direction prise par des anglicans en faveur d’une association de certains aspects de la foi catholique à l’anglicanisme, tels que l’attention à la beauté matérielle de la liturgie par le décor, mais aussi des concepts essentiels jusqu’alors rejetés comme la reconnaissance des sacrements. Ces deux éléments illustrent le principe moteur de ce mouvement à savoir l’union profonde entre la Terre et le Ciel dans l’Église, ce qui induit naturellement un lien entre le corporel et le spirituel, lien qui est par essence au coeur du sacrement eucharistique catholique et absent de la foi anglicane traditionnelle issue du protestantisme. Jean Baubérot, Séverine Mathieu, Religion, modernité et culture au Royaume-Uni et en France, 1800-1914, Collection Histoire, Paris, Éditions du Seuil, 2002, p. 111.

[13] Quoique moins évoquée au sein de l’exposition du fait de sa situation de gouvernante puis de religieuse à partir de 1860, Maria Rossetti, fut cependant une autrice et traductrice de l’œuvre des poètes italiens de la Renaissance et notamment de Dante Alighieri – publiant en 1871 un essai sur ce dernier, intitulé The Shadow of Dante: Being an essay towards studying himself, his world, and his pilgrimage – après avoir été professeure de littérature anglaise, française et italienne.

[14] Artiste qui appartint un temps à la confrérie, devenant le fiancé de Christina avant qu’ils ne rompent leur engagement et qu’il ne se dirige vers la prêtrise étant catholique. Dinah Roe, « Christina Rossetti’s Secret », The Rossettis,cat. expo. Tate Modern, 2023, p. 52.

[15] Jeune modiste dans une boutique de Londres, Elizabeth Siddal est repérée à l’hiver 1849 par le peintre James Deverell qui recherchait justement une jeune femme rousse pour l’une de ses œuvres : elle devient modèle pour plusieurs peintres de la confrérie (campant notamment la fameuse Ophélie). Elle se rapproche cependant de Dante Gabriel, nouant avec lui une relation amicale, artistique et bientôt amoureuse, où il est aussi son professeur de dessin : désirant bientôt se consacrer à sa pratique artistique, Elizabeth Siddal décide en 1852 de ne plus poser, sauf pour lui. Quoique passionnelle, leur relation est fragilisée par les tromperies de Dante Gabriel, la mauvaise santé de la jeune femme et leur commune addiction au laudanum. Elle décède en 1862 des suites d’une overdose ; bouleversé, Dante Gabriel fait placer dans le cercueil le manuscrit des poèmes qu’il écrivit tout au long de leur relation, renonçant donc à les faire publier, et fait photographier les dessins de la jeune femme, deux actes qui témoignent de son double rôle de muse et de coéquipière artistique. Il change cependant d’avis en 1869, faisant rouvrir le cercueil afin d’y reprendre le recueil. De cet épisode macabre serait né la légende selon laquelle le corps de la jeune femme aurait été retrouvé intouché par la putréfaction, restant éternellement jeune avec sa chevelure rousse inondant le cercueil.

[16] « The Rossettis, A major exhibition devoted to the radical Rossetti generation », Tate Britain. https://www.tate.org.uk/whats-on/tate-britain/the-rossettis[Consulté le 6 septembre 2022]


[17] Carol Jacobi, « The Rossettis: Dreaming with Eyes Open », The Rossettis,cat. expo. Tate Modern, 2023, p. 16

[18] Jerome J. Mac Gann, « Rossetti Archive Doubleworks », Rossetti Archive, Institute for Advanced Technology in the Humanities, University of Virginia, [s.d]. http://www.rossettiarchive.org/racs/doubleworks.rac.html [Consulté le 6 septembre 2023].

[19] Margaretta Frederick, « Troubling Women: Dante Gabriel Rossetti’s Portrayals of Modern Beauty », The Rossettis, cat. expo. Tate Modern, 2023, p. 182.


[20] William Michael Rossetti, Dante Gabriel Rossetti: His Family-Letters with a Memoir, London, Ellis, 1895, vol. 1, p. 245., dans Wendy Parkins, « "The works are their to tell their own tale": Jane Morris in the Art of Dante Gabriel Rossetti », The Rossettis, cat. expo. Tate Modern, 2023, p. 209.

[21] Margaretta Frederick, « Troubling Women: Dante Gabriel Rossetti’s Portrayals of Modern Beauty », The Rossettis, cat. expo. Tate Modern, 2023, p. 192.

[22] Margaretta Frederick, « Troubling Women: Dante Gabriel Rossetti’s Portrayals of Modern Beauty », The Rossettis, cat. expo. Tate Modern, 2023, p. 176-202.

[23] Cette dernière permettait également d’évoquer l’importance du dessin intime et de l’auto-portrait, récurrent tant entre les membres de la confrérie à ses débuts que par la suite, au sein du couple Dante Gabriel-Elizabeth et entre leurs amis.

[24] Si le sujet avait déjà été traité dans cette dynamique par l’exposition du Kansas Museum of Art en 1958 sous le titre « Dante Gabriel Rossetti and His Circle », le propos bénéficie du regain d’intérêt accordé au mouvement depuis la seconde moitié du siècle ; plus précise, The Rossettis se concentre principalement sur le travail des artistes de la première génération préraphaélite sans évoquer trop longuement ceux de la seconde génération (William Morris et Edward Burne-Jones) ni ceux appartenant au préraphaélisme dit « tardif » (à l’image de Walter Crane ou Arthur J. Gaskin).

[25] Elizabeth Prettejohn, « Revolutionaries : The Rossettis and the Pre-Raphaelite Brotherhood », The Rossettis, cat. expo. Tate Modern, 2023, p. 75.

 

Tate Britain 6 avril 2023 - 24 septembre 2023 https://www.tate.org.uk/whats-on/tate-britain/the-rossettis

Delaware Art Museum 21 octobre 2023 - 28 janvier 2024 https://delart.org/event/rossettis/


Détail des sections de l’exposition :

1. Poet

2. Modern Raphael

3. Pre-Raphaelite Revolutionaries

Old and New Art

The Kissed Mouth

4. Medieval Moderns

5. The House of Life

6. Venus surrouned by mirrors

7. Poetic Portraits

8. Obsession

9. Radical Legacies


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