A l’occasion du Printemps, deux nouvelles expositions fleurissent au musée d’Orsay à Paris. Une première sobrement intitulée Gaudi est consacrée à l’architecte espagnol qui a marqué de son empreinte la transition du XIXe au XXe siècle. La seconde s’attarde sur La quête de l’harmonie chez Aristide Maillol (1861 - 1944), peintre et surtout sculpteur français.
Comme le rappelle le musée d’Orsay, cela faisait cinquante ans qu’une exposition n’avait pas été centrée autour de Gaudi en France. Celle-ci s’est tout d’abord tenue du 18 novembre au 6 mars dernier au Museu National d’Art de Catalunya (MNAC) à Barcelone, avant de migrer à Paris le 12 avril. Le musée de l’Orangerie organise également l’actuelle exposition parisienne. La dernière monographie française sur Gaudi remontait au Salon national des Beaux-Arts de 1910, du vivant de l’artiste. Pour le retour de l’artiste en Hexagone, le musée d’Orsay immerge le visiteur au cœur du travail du génie espagnol. Des boiseries en chêne sculpté réalisées pour le vestibule d’un appartement de la casa Milà sont ainsi remontées pour la toute première fois. Passée cette entrée en matière, on pénètre alors dans le lieu de travail de Gaudi. Un aperçu de l’atelier ainsi que de la bibliothèque personnelle du Catalan permettent de mieux comprendre ses inspirations, parmi lesquelles figurent aussi bien Viollet-le-Duc que l’étude de l’Alhambra de Grenade. Plus loin, l’influence de Joan Martorell est mise en exergue par une salle dédiée à la formation et aux premiers projets du jeune architecte. On apprend alors que Joan Martorell a “sensibilisé Gaudi à une architecture renouvelée, respectueuse du passé, mais porteuse de formes nouvelles, comme l’arc parabolique, et d’un vocabulaire ornemental neuf”.
Impossible de comprendre Gaudi sans comprendre Barcelone. C’est pourquoi les commissaires parisiens, Elise Dubreuil, chargée des collections d’arts décoratifs au musée d’Orsay, et Isabelle Morin Loutrel, conservatrice générale des monuments historiques à la DIrection Régionale des Affaires Culturelles d’Ile-de-France, ont choisi de s’attarder sur l’histoire de la ville du temps de Gaudi. Les émeutes de la “Semaine tragique” qui s’y déroulent en 1909 marquent d’ailleurs un tournant dans la carrière de l’artiste. Refusant toute commande, il se dévoue entièrement à l'œuvre de sa vie : la Sagrada Familia. La conception de la cathédrale achève le parcours muséographique, qui revient auparavant sur l’échec de l’exposition de 1910 à la suite de laquelle Gaudi juge que les Français manquent de culture artistique. Le parc Güell, ainsi que les hôtels urbains de la Casa Vicens, de la Casa Calvet, de la Casa Batllo et de la Casa Mila font l’objet d’une attention particulière. Des décors sont recréés afin de rendre compte du travail de l’artiste. Enfin, les projets religieux de Gaudi sont exposés dans l’ultime portion de la visite : L'Église de la Colonia Güell et bien sûr, la Sagrada Familia, dont le chantier est toujours en cours et doit prendre fin en 2026.
L’exposition portant sur la quête de l’harmonie chez Aristide Maillol est plus modeste que sa colocataire. Si elle s’intéresse en premier lieu à l'œuvre du peintre, la monographie se tourne ensuite vers la carrière de l’artiste en tant que sculpteur. Plusieurs de ses fameuses baigneuses sont ainsi à l’honneur. Puis c’est au tour des principaux modèles d’Aristide Maillol, Dina et Clotilde, de faire l’objet d’une attention particulière. A l’éternelle question : “peut-on séparer l’homme de l’artiste ?”, le commissariat d’exposition composé d’Ophélie Ferlier-Bouat, directrice du musée Bourdelle, et d’Antoinette Le Normand-Romain, directrice générale honoraire du l’Institut National d’Histoire de l’Art, ne répond pas. Il rappelle néanmoins les excellentes relations entretenues par Aristide Maillol avec l’Allemagne, le sculpteur se rendant notamment en 1942 à Paris voir une exposition célébrant Arno Breker, artiste à la solde du régime nazi. Enfin, le pont avec Antoni Gaudi est effectué grâce au dernier pan de la visite, qui s’intéresse à la vie catalane de l’artiste. Aristide Maillol possédait en effet une maison à Banyuls, en Roussillon, où il “entretenait des liens étroits avec un milieu perpignanais d’écrivains et de musiciens défenseurs de la culture catalane”.
En somme, les deux expositions ravivent le souvenir de deux artistes majeurs du passage du XIXe au XXe siècle, et dont le travail n’avait pas été mis en lumière depuis des dizaines d’années dans notre pays. Pour l’exposition Gaudi, les pièces exposées par l'École Technique Supérieure d’Architecture de Barcelone (l’ETSAB) et par la Biblioteca del Col.legi d’arquitectes de Catalunya enrichissent la visite et contribuent au succès de la reocnstitution de certains décors de l’artiste. Concernant Aristide Maillol, c’est une formidable manière de valoriser les collections du musée parisien.
Informations pratiques :
Musée d'Orsay, 1 rue de la Légion d'Honneur, 75007 Paris
Ouvert de 9h30 à 18h (21h45 le jeudi)
Prix d'entrée : 16€
Tarif gratuit pour les moins de 18 ans et les 18/25 ans ressortissants de l'Union Européenne.
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