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Silène portant Dionysos enfant



Ce marbre romain du début de notre ère est la copie d’une œuvre en bronze grecque de la période hellénistique vers -300. L’essentiel des bronzes grecs étant perdu à jamais, nous ne pouvons qu’imaginer à quoi ils ressemblaient grâce aux copies en marbre romaines.

Ce marbre d’un mètre quatre-vingt-dix représente un homme accoudé sur une haute souche et portant un enfant.

L’enfant n’est autre que Dionysos, fils adultérin que Zeus a eu avec Sémélé, une mortelle. La femme n’ayant pu porter à termes, celui-ci sera placé dans le cuisse de Zeus, d’où il naîtra. De là vient notre expression « sortir de la cuisse de Jupiter ». Dès sa naissance, Dionysos est placé par son père sous la protection des Nymphes pour l’éloigner de la colère d’Héra.

C’est pendant cette éducation que Silène, l’Ivresse, est amené à s’en occuper. Il apprend notamment à Dionysos, dieu du vin, à planter la vigne. L’arbre sur lequel s’appuie Silène peut faire référence à cet épisode, iconographie renforcée par la présence d’une outre en peau de chèvre sous le coude du vieillard et d’une branche ornée de feuilles de vigne qui s’entortille autour du tronc.

Silène est en effet assimilé à l’ivresse. Vieillard communément bedonnant, ivre, lubrique, avec le nez épaté et une lèvre épaisse, Silène est réputé pour sa laideur. Il partage avec Marsyas l’invention de la flûte et est paradoxalement reconnu pour sa sagesse.

Ici, la représentation de Silène, si ce n’est la touffe de poils en bas du dos, la couronne de feuille de vigne et le nez épaté est inhabituelle. Et pour cause ! Il ne s’agit pas d’un vieil homme lourdaud et alcoolisé mais d’un personnage grand à la musculature idéale, avec un regard humain presque paternel pour l’enfant qu’il enserre de ses deux larges mains. Il paraît amusé et un sourire se dessine sur ses lèvres. L’enfant, vif, paraît vouloir saisir une touffe des poils de cette barbe si proche, ou peut-être l’une des grappes de raisin qui, ornant la chevelure de Silène, tombe sur son front.

L’ensemble est assez naturel si on le compare à l’Hermès portant Dionysos, parfois attribué à Praxitèle au IVe siècle avant notre ère, et conservé à Olympie. Le sujet est proche mais le traitement par Praxitèle est plus sobre, plus « divin ». Ici, se découvre le côté anecdotique et léger, parfois appelé "rococo" hellénistique.

Par son canon élancé, le Silène portant Dionysos est plutôt à rapprocher des œuvres de Lysippe. Celui-ci, en effet, allonge les corps en y mettant huit fois la hauteur de la tête contre sept chez ses prédécesseurs. De plus, il rompt avec la frontalité des statues grecques classiques en créant une œuvre visible avec une multitude de points de vue. Lysippe a souvent insinué un jeu d’équilibre de ses personnages, qui prennent appui sur un support et par conséquent s’éloigne d’une posture trop hiératique comme par exemple pour l’Hercule Borghèse. Il est enfin reconnu pour l’expressivité de ses visages, avec un regard creusé, des sourcils froncés et des dents visibles, le Silène est à cet égard à rapprocher du Hermès à la sandale du musée du Louvre


Découverte à Rome avant 1569, cette ronde-bosse fut achetée par Napoléon en 1807 et a pris place au Louvre dès 1811. Aujourd’hui, elle est visible au Louvre, dans la belle salle des Caryatides, qui abrite les copies romaines d’œuvres grecques et une partie de la collection Borghèse dont elle est issue. Ainsi, en face du Silène portant Dionysos, trône le célèbre vase Borghèse.

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