Le mois de septembre est toujours un moment enthousiasmant : c'est le début de la saison culturelle et les expositions, de qualité variable, ouvrent à foison. S’il est un lieu qui ne déçoit jamais, c’est bien la Fondation Custodia. Elle s’attache, avec son directeur Ger Luijten, à mettre en avant des artistes méconnus aux yeux du public français, au travers d’expositions soignées. En ce début d’automne 2019, le travail d’un artiste impressionniste néerlandais, se dévoile pour la première fois en France sur les cimaises de l’hôtel Lévis-Mirepoix: Willem Bastiaan Tholen (1860–1931). Cette exposition, réalisée en collaboration avec le Dordrechts Muséum, s’avère être une belle découverte.
Si W.B Tholen, de son vivant, connut une certaine renommée, son nom est aujourd’hui tombé dans l’oubli. A la vue de l’exposition, qui présente un corpus d’une richesse incroyable, cet oubli semble incompréhensible. En faisant ressurgir des méandres de l’Histoire un peintre oublié, Ger Luijten et ses collègues que sont Richard van den Dool et Marieke Jooren nous offrent un choc visuel d’une rare intensité.
Tholen est né en 1860 à Amsterdam. Après l’obtention de son certificat d’aptitude à l’académie en 1878, il passe trois mois à Bruxelles dans l'atelier de Paul Gabriël où il reçoit sa première véritable instruction en matière de peinture. Dans les années suivantes, les conseils de Gabriël revêtent une importance particulière. À Gouda (1878-1879) et à Kampen (1880-1885), il enseigne le dessin mais se concentre entièrement sur son art après 1885. À partir de 1887, il réside à La Haye. Prenant une part active à la vie artistique de l'effervescente cité, il entre au Pulchri Studio et se lie d’amitié avec de nombreux membres de l’Ecole de La Haye. Ses peintures sont empreintes d’un esprit de contemplation, qui semble lié à un sens inné du cadrage. Si quelques œuvres sont mineures, Tholen a peint de nombreux chefs-d’œuvre à l’image Des sœurs Arntzenius, rappelant avec brio la douce mélancolie de La fille en kimono de Breitner ou encore des Moulins près de Giethoorn, véritable porte ouverte vers une Hollande brumeuse.
Dans l’apparente immobilité de son art, Tholen réussit à invoquer le mouvement. C’est en effet un peintre à la touche rare. Quelques coups de pinceaux, apparentés à de simples traits abstraits, donnent naissance à des fleurs, des branches, des hommes. À la manière d’un Frans Hals, il sait, par son pinceau, insuffler la vie. Au bord du fossé, œuvre ornant la couverture du catalogue, semble en être l’exemple le plus parlant. De près cela semble informe, mais il suffit d’un pas en arrière pour entrer dans la toile.
C’est une centaine d’œuvres de Tholen qui orne les murs blancs de la Fondation Custodia. Comme à son habitude, celle-ci a opté pour une scénographie tout en simplicité, un simple texte explicatif en début de parcours. Les œuvres s’expriment donc par elles-mêmes, chose extrêmement agréable dans le cadre d’une rétrospective. D’autant plus que si le visiteur cherche à dépasser le simple plaisir visuel, un livret contenant les cartels détaillés de chacune des œuvres est offert à l’entrée. L’histoire de l’art n’est ici pas qu’une option. Un bémol est cependant à noter : seules quelques pages du catalogue sont en français.
La Fondation Custodia présente donc une exposition d’une rare valeur, de celles qui ramènent un artiste parmi les plus célèbres de ses pairs, le faisant ainsi sortir des limbes où il était depuis trop longtemps plongé. Si l’accrochage, comme nous avons pu le dire, peut paraître simpliste, il apparaît en réalité intelligent, invitant à se plonger dans les toiles de l’artiste. Coupe-File vous invite à dissiper le brouillard accumulé durant le siècle dernier sur l’Oeuvre de Tholen, en vous rendant au 121 rue de Lille avant le 15 décembre.
Willem Bastiaan Tholen (1860-1931). Un impressionniste néerlandais
Du 21 septembre au 15 décembre 2019 à la Fondation Custodia
Tous les jours sauf le lundi de 12h à 18h
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