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James Colomina : un Toulousain à Berlin

Souvenez-vous. C’était en décembre 2018. Coupe-File était allé à la rencontre de James Colomina, qui venait alors d’installer L’enfant au bonnet d’âne sous le pont Mirabeau à Paris. Trois ans, une pandémie et un échange de SMS plus tard, nos retrouvailles avec l’artiste nous emmènent à Berlin.


Mandy, par James Colomina ©Olivier Bac

C’est donc la capitale allemande que le plasticien a choisi comme écrin pour ses œuvres. A l’occasion des 32 ans de la chute du Mur célébrés ce mardi 9 novembre, le Toulousain a investi Berlin de deux sculptures. L’une auprès de l’East Side Gallery, ce vestige du mur transformé en lieu d’exposition d'œuvres street art. L’autre sur le pylône d’un pont aux abords de la ligne de métro aérienne U1 face à l’Urban Nation, l’un des musées street art les plus importants au monde.

Opérant à la nuit tombée, James Colomina n’a comme à son habitude pas demandé d’autorisation pour investir l’espace public. “Je ne sais même pas parler allemand” déclare-t-il dans un grand éclat de rire. “J’étais venu en repérage quelques jours auparavant pour m’imprégner de l’atmosphère de la ville” indique l’artiste. “C’est une ville chargée d’histoire, on sent encore le traumatisme de la guerre et de la séparation des deux Allemagnes” juge-t-il avec émotion.

Sa première œuvre se nomme Mandy, le prénom féminin le plus donné en Allemagne de l’Est. Cette petite fille d’environ sept ans passe symboliquement le Mur de l’East Side Gallery avec son ours en peluche. Imaginée spécialement pour l’occasion, “elle symbolise la quête du bonheur, la recherche d’un monde meilleur, la liberté” pour son créateur. “J’ai pensé à toutes ces jeunes filles qui rêvaient d’une autre vie ailleurs” témoigne-t-il.

Accrochée à même le Mur, Mandy masque légèrement la fresque d’un autre artiste. De quoi inquiéter James Colomina quant à la pérennité de son travail. “Le Mur est un monument classé donc j’ai un peu peur” confie-t-il. Pas de quoi surpasser cependant sa fierté d’exposer ses reconnaissables résines rouge carmin dans la ville phare du street art en Europe. “J’avais envie d’exposer à Berlin depuis longtemps” avoue le Toulousain.


L'enfant au masque, par James Colomina ©Olivier Bac

Quelques kilomètres plus loin, les badauds se surprendront à observer L’enfant au masque perché à 10 mètres de hauteur sur le pylône d’un pont. “C’était le seul pylône où il n’y avait pas de boule, où l’espace était libre.” explique James. Déjà installée à Barcelone en mai 2021, cette sculpture représente un enfant d’une dizaine d’années portant un sweat à capuche et un masque à gaz. “Il fait référence à notre société contemporaine qui peut se montrer oppressante. On a tous été un peu enfermés avec la Covid." Outre le problème d’isolement rencontré par certains depuis la pandémie, l'œuvre alerte également sur “la pollution de l’air que l’on subit tous” déclare l’artiste. Les dirigeants réunis pour la COP26 qui se tient actuellement à Glasgow apprécieront.


Mandy, par James Colomina, vue sous un autre angle. ©Olivier Bac

James Colomina investit régulièrement l’espace public des métropoles. Après Toulouse, Paris, Barcelone, San-Francisco ou encore New-York, au tour de Berlin donc de découvrir le travail de ce plasticien aux œuvres toujours résolument engagées. Viel Spaß !


Antoine Bouchet

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